Le Medef est heureux : le président de la République s’est rangé à ses vues. En octobre, l’organisation patronale avait proposé des allègements fiscaux sur les entreprises en échange de créations d’emplois. Puis l’organisation patronale avait menacé de boycotter les assises de la fiscalité des entreprises si elle n’était pas entendue sur ce sujet.
Lors de ses vœux, François Hollande a saisi la perche, en avançant l’idée d’un « Pacte de responsabilité » : baisse des charges contre créations d’emplois. Aujourd’hui, Pierre Gattaz, le président du Medef, le remercie dans une interview au Monde :
« Je suis satisfait. Il a lancé le projet général de sortir le pays de l’ornière et a montré un cap qui nous va bien. »
Son organisation, dit-il, est « prête à jouer le jeu ». François Hollande n’apparaît plus seulement comme le Président des entreprises : il est devenu le héros du Medef.
Politique de l’offre, politique de la demande
Le Pacte de responsabilité ne constitue pas vraiment un tournant dans la politique économique de François Hollande : le virage a été pris en novembre 2012, après la remise du rapport Gallois sur la compétitivité des entreprises. François hollande a alors lancé l’idée du CICE (crédit d’impôt compétitivité pour les entreprises), formidable cadeau de 20 milliards d’euros, sans contreparties aux entreprises, y compris les plus grandes. On est, avec le Pacte de responsabilité, dans la même logique, celle de la « politique de l’offre ». C’est désormais son cap économique exclusif.
En période de difficultés économique, deux écoles s’affrontent :
- certains jugent qu’il faut restaurer les marges des entreprises pour qu’elles puissent aller de l’avant, investir et embaucher : c’est la politique de l’offre. Généralement, c’est la droite qui défend cette approche ;
- le diagnostic de la gauche est différent : la crise vient avant tout du chômage, de la précarité, des inégalités, et c’est de ce côté-là qu’il faut la combattre. Les entreprises sont comme des voiliers qui n’auraient plus de vent pour les mouvoir. Il ne sert à rien de chercher une meilleure voile (politique de l’offre), il faut faire repartir le vent, à savoir le pouvoir d’achat (politique de la demande).
La gauche n’est pas contre une certaine dose d’aide à « l’offre », mais cela passe par des incitations à l’innovation, à la formation, à la recherche… pas par des cadeaux sans contrepartie aux entreprises.
L’échec du donnant-donnant de 1986
Lors de ses vœux, François Hollande a donc suggéré un donnant-donnant : l’Etat réduirait les charges sociales (lors des universités d’été du Medef, Pierre Moscovici avait suggéré d’abaisser les cotisations familiales) ; en échange, les entreprises embaucheraient. Mais qui peut croire à un tel scénario magique ?
Dans une économie ouverte – et c’est tant mieux –, on ne peut obliger une entreprise à embaucher. Aujourd’hui, si le Medef fait miroiter un million d’emplois, Pierre Gattaz se garde bien de prendre un quelconque engagement qu’il ne pourrait de toute façon pas tenir : il ne s’ag
via www.rue89.com