Mardi 29 mars, 9h45, Mathieu Duchesne, rédacteur en chef du Journal de l'éco-tourisme, fait sa revue de presse quotidienne. Sur la page Facebook de son journal, gérée depuis son profil personnel, il poste une idée de week-end. Sans avertissement, son compte est désactivé quelques minutes plus tard. Même traitement pour le profil des cinq autres administrateurs de la page.
Car dans l'univers Facebook, c'est bien d'ordre dont il est question. Le non-respect des conditions d'utilisation entraîne au mieux un mail d'alerte, au pire l'exclusion temporaire ou définitive.
Pour Mathieu Duchesne, le coup est rude. Il a créé son journal dix-huit mois plus tôt et « s'est fait connaître grâce à Facebook ». Sur les 30 000 visiteurs mensuels de son site, 60% sont passés par le réseau social.
Comme Facebook ne donne pas d'explications, le journaliste fait des hypothèses : l'un des administrateurs avait un faux profil… Ou bien est-ce une application non-certifiée par Facebook ? Ce sont les deux principales raisons d'éviction, avec le « spaming » (l'envoi de messages ou d'invitations considéré comme abusif, le seuil critique restant à l'appréciation de l'utilisateur).
« Jamais il n'y a eu autant de suppressions de comptes »
Le cas de Mathieu Duschene n'est pas isolé. Facebook supprime quotidiennement des milliers de faux comptes. Mais la tendance semble s'être accélérée depuis la mi-mars. Sur le réseau social et les forums de jeux, les surfeurs évoquent une « vague de désactivation » survenue dans la nuit du 28 au 29 mars – et/ou suivantes. Difficile de vérifier. Le service presse de Facebook affirme ne pas être au courant. Mais les « community managers », ces experts rémunérés pour faire exister une marque, une entreprise, un événement sur le réseau, confirment. Sous couvert d'anonymat. L'un d'eux :
« Jamais il n'y a eu autant de suppressions de comptes qu'en ce moment. Si on regarde le nombre total de profils français, c'est la première fois qu'il est en baisse. »
On parle de millions de faux profils. Pour le géant du Net – 500 millions d'utilisateurs actifs revendiqués –, avoir de « vraies gens » derrière chaque profil est la condition pour monnayer, très cher, sa base de données. Avec en ligne de mire : l'entrée en bourse en 2012.
« J'ai envoyé 50 mails et personne ne répond »
via eco.rue89.com