Face à l’assassinat « légal », « la peine de mort », des pro témoignent – à propos de David André et de son « Une Peine Infinie… » | Rue89

En 1999, le réalisateur David André a rencontré Sean Sellers. Condamné à mort à 16 ans, il était exécuté cette année-là, dans l'Oklahoma, aux Etats-Unis. Dix ans plus tard, David André est revenu interviewer le procureur qui a obtenu sa mort, les bourreaux qui l'ont exécuté, et ses demis frère et sœur qui n'ont pas voulu demander sa grâce.

A l'époque, le cas Sellers avait suscité une indignation internationale. Malgré les nombreux appels du monde entier (Union européenne, prix Nobel de la paix…), cet ancien adolescent satanique, plus jeune condamné à mort pour avoir tué un commerçant puis sa propre mère et son beau-père, avait été exécuté par injection létale, treize ans après ses crimes.

Gracier le demi-frère qui a détruit leur enfance ?

David André a accompagné Sean Sellers pendant les derniers mois de son existence. Ce journaliste free-lance, ancien d'Actuel et de l'agence Capa, ex-rédacteur en chef adjoint du Vrai Journal, produit et réalise aujourd'hui des films sur des sujets variés, tout en étant auteur et producteur pour les activistes américains The Yes Men.

Pour Arte, il couvre à l'époque les recours contre l'exécution de Sean Sellers. Soutenu par un avocat viscéralement investi dans sa cause, Sean Sellers, enfermé au pénitencier de McAlester, Oklahoma, s'est converti au christianisme en détention.

Il y a cette audience de recours en grâce, dans une petite chapelle rurale de cet Etat profondément religieux. Sean Sellers parle. Avocat et procureur s'expriment. Ainsi que les ayants-droit des victimes du meurtrier.

Noelle Bellofatto et son frère Lorne, enfants du mari de la mère de Sean Sellers, le couple assassiné par lui, doivent se prononcer sur une demande de grâce de leur demi-frère. Celui qu'ils connaissent depuis l'enfance, et qui a détruit cette partie de leur vie.

« Comment ai-je pu être si froide, si dure ? »

Ils disent non. Dix ans après, David André les interroge sur ce qu'ils gardent de cette décision, avec le recul. Lorne, dégaine de cow-boy et accent trainant sous son Stetson, n'a pas de regret :

« Assister à son exécution, c'était la seule occasion de pouvoir lui dire : “Tu vois, je t'ai eu. Tu ne t'en es pas tiré. Maintenant, nous sommes quittes.” »

Noelle, bourgeoise empâtée par les années, avoue ses états d'âme :

« Parfois, je m'en veux beaucoup. Comment ai-je pu être si froide, si dure ? […] Ces sentiments de vengeance ne me ressemblent pas. Et je ne sais pas quoi en faire. »

David André rencontre aussi d'autres proches de Sean Sellers. Et les gardiens du pénitencier, qui se transforment en bourreaux pour les exécutions. Nombreux et exceptionnels témoignages face caméra, d'hommes et de femme ayant participé à 15, 35 ou 70 exécutions. Pénible.

Le recordman américain de la peine de mort doute

via www.rue89.com

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x