Après les Grecs, les Portugais sont soumis à la Dépression néo-libérale, les riverains de Rue89 racontent une jeunesse sacrifiée | Eco89

Le Portugal connaît la pire crise de son Histoire depuis trente ans. Suite au rejet par le Parlement d'un nouveau plan d'austérité, prévu pour « garantir » la réduction des déficits publics et éviter un recours à l'aide extérieure, le Premier ministre, José Socrates, a démissionné.

Nous avons demandé à nos riverains du Portugal de nous raconter cette crise politique. Voici leurs témoignages.

Diogo (pseudo) : « Nous sommes la génération 500 euros »

« Je parle en tant que “jeune” de 30 ans. Je suis doctorant en sciences sociales.

Nous, les jeunes, avons le sentiment que depuis plus de trente ans, la classe politique ne représente plus la population et ses préoccupations.

Notre génération qu'on appelle “génération 500 euros” est en train de payer des retraites pour milliardaires, ceux qui sont passés par
l'administration à la grande époque “vache à lait” : depuis les années
90, le pays a vécu au-dessus de ses moyens avec les subventions européennes et la création qui s'en est suivie d'institutions fantômes. Ces
jeunes réclament le changement.

A Lisbonne plus de 200 000 personnes sont descendues au centre-ville pour exprimer leur mécontentement. Le Portugal perd sa souveraineté et la classe politique ne fait que nous dire que c'est la faute à la crise économique.

Le système repose sur la hiérarchie, le clientélisme et le piston

L'argent venu de l'Union européenne est mal utilisé depuis longtemps par une fonction publique extrêmement bureaucratique. L'argent perdu pour les autoroutes, barrages et autres gros projets contraste avec les difficultés que les jeunes rencontrent pour recevoir le moindre soutien de l'Etat.

Le système repose sur la hiérarchie, le clientélisme et le piston. Les relations incestueuses entre la classe politique et la classe financière sont de plus en plus évidentes depuis la “crise mondiale” de 2008. Il devenait de toute façon impossible de les cacher.

D'un coté, il y a cette classe politique sans autre projet social que la séduction de ses partenaires européens et de l'autre, on assiste à une grave dépolitisation des moins de 40 ans.

Cette génération post-25-Avril de la Révolution des œillets est aveugle et oublieuse de l'Histoire.

On est loin des projets sociaux et on se débat pour maintenir le statu quo. Le Parti socialiste au pouvoir, comme le Parti social-démocrate [PSD] – le seul, selon les gens, qui peut constituer un gouvernement –, représentent les mêmes intérêts, la même façon de faire. »

Antoine : « Une plus grande fracture sociale »

« Mes collègues portugais sont très inquiets ; avoir à gérer et vivre avec une crise économique majeure est déjà difficile, devoir faire face en même temps à une crise politique est une catastrophe pour eux !

Les Portugais ne sont pas ravis des mesures drastiques d'économie, bien sûr, mais ils sont bien conscients que leur avenir est en jeu, même si les syndicats, jouant leur rôle, essayent d'atténuer les propositions politiques pour conserver le pouvoir d'achat de la population.

Des sacrifices difficilement acceptés

La situation économique est compliquée, la fracture sociale étant bien plus grande qu'en France : les salaires vont de 500 à plusieurs milliers [d'euros]. Un fossé.

Les fonctionnaires sont une classe moyenne, avec des salaires “corrects”. Un policier en début de carrière gagne dans les 1 100 euros mensuels ce qui, comparé à un smic inférieur à 500 euros et un salaire moyen de 750 euros pour le pays, n'est pas si mal. Mais ils ac

via eco.rue89.com

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