l existe des débats nécessaires et importants si on veut réconcilier l'Europe, ses enjeux démocratiques et sociaux, avec les citoyens. Le Parlement européen s'est trouvé la semaine dernière une nouvelle marotte : voter dès mars un texte contraignant tous les fabricants à produire un seul et même modèle de chargeur de batterie de téléphone et de tablette (c'est à lire ici). Intéressant, non ? À six mois des élections européennes, la « bulle bruxelloise » vit ainsi sa vie, bien loin des crises sociales qui fracturent le continent et ruinent l'idée européenne. De cela, les chefs d'État et de gouvernement s'occupent, nous dit-on, dans ce rituel de conseils européens rendus incompréhensibles aux citoyens.
Tout est en place pour que le prochain scrutin européen se révèle une catastrophe. Déjà, le système médiatique décline le vieux thème usé jusqu'à la corde de « l'inquiétante montée des populismes », et du vote protestataire. Protestataire : l'adjectif suffirait à disqualifier ce vote. Populisme : ce mot-valise, où l'on jette pêle-mêle des positions politiques radicalement contraires (des néonazis grecs à la gauche radicale européenne…), évite de penser les crises de représentation politique comme les recompositions idéologiques en cours.
Si l'Europe ennuie (60 % d'abstention en France en 2009), quand elle n'épouvante pas, c'est que les vrais débats sont soigneusement escamotés et que la folle machinerie institutionnelle de l'Union interdit aux citoyens de comprendre ce qui s'y joue, comme ce qui pourrait s'y jouer autrement. Mediapart a à plusieurs reprises développé ce débat : par exemple ici, dans une discussion entre l'universitaire Cédric Durand et le ministre vert et ancien eurodéputé Pascal Canfin.
2009-2014. Ces cinq années sont d'abord celles d'une crise historique. Dans le fracas de pays jetés à terre (la Grèce, le Portugal, l'Espagne), de pays mis en faillite (Chypre), de confiscation des processus démocratiques par la Troïka, est apparu un phénomène majeur, jusqu'alors presque ignoré ou considéré comme marginal : l'évasion fiscale de masse et la restructuration d'une économie mondiale financiarisée autour d'une poignée de paradis fiscaux.
« Les paradis fiscaux, c'est fini ! » avait assené avec toupet Nicolas Sarkozy dès 2009, au sortir d'un conseil européen suivi d'une réunion du G20. Les paradis fiscaux se portent à merveille en cette fin d'année 2013, ayant profité ces dernières années des injections massives de crédits publics pour sauver le système bancaire et de réglementations, non seulement insuffisantes, mais très tardivement mises en place.
De l'Europe, le Luxembourg a longtemps été un symbole. Il est de sa préhistoire, la CECA, cette Communauté européenne du charbon et de l'acier bâtie en 1951 dans la foulée de la déclaration Schuman pour accélérer la reconstruction du vieux continent. La sidérurgie luxembourgeoise a alors porté cet idéal européen qui disait aussi qu'un petit pays, un confetti (25 000 kilomètres carrés, moins d'un demi-million d'habitants), avait voix au chapitre et pouvait ambitionner d'être acteur à part entière d'un destin commun.
Le Luxembourg est aujourd'hui le symbole de ce qui détruit l'Europe ; bafoue ses textes fondateurs ; sabote son projet de « progrès économique et social » ; impose à ses peuples des politiques d'austérité sans fin ; condamne ses jeunes à un chômage massif. Dès lors, envisager son exclusion de l'Uni
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