Ex-Yougoslavie: la France a protégé durant des années des criminels de guerre | Mediapart

Coopérer avec la justice internationale ? Oui, mais d'abord protéger les «amis de la France». Les carnets du général Rondot, saisis par la justice et largement utilisés dans l'enquête sur l'affaire Clearstream, recèlent des informations jamais utilisées jusqu'à aujourd'hui et qui concernent l'attitude de la France envers le Tribunal pénal international sur l'ex-Yougoslavie (TPIY) et la poursuite de criminels de guerre.

Le général Philippe Rondot.

Le général Philippe Rondot.© (Reuters)

Mediapart s'est également procuré une note du général Rondot. Datée du 17 mars 2005, elle est adressée au chef d'état-major particulier du président, le général Georgelin, avec copie au ministre de la défense de l'époque, Michèle Alliot-Marie. Ce document atteste formellement des liens qu'ont entretenus les services secrets de la DGSE avec les forces croates dès 1991, puis de 2000 jusqu'en 2005, avec des criminels de guerre recherchés par le TPIY.

Note adressée le 17 mars 2005 au général Georgelin.

Note adressée le 17 mars 2005 au général Georgelin.

Pour lire cette note:

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Ces documents éclairent d'un jour nouveau le rôle des services français dans les guerres de l'ex-Yougoslavie puis leur collaboration à géométrie variable avec la justice internationale. Dans ses annotations, le général Rondot révèle en particulier comment la DGSE est restée en contact avec le général croate Ante Gotovina, inculpé et recherché par le TPIY, tout au long d'une cavale qui s'est poursuivie de 2001 à 2005.

Plus largement, le général expose comment les services de renseignements français ont suivi de près tous les dossiers concernant les criminels de guerre. Ils n'ont livré qu'au compte-gouttes des informations à la justice internationale, avec une ligne directrice : protéger leurs collaborateurs et leurs partenaires, même quand ceux-ci étaient inculpés.

En conséquence de cette collaboration bien hésitante de pays comme la France avec la justice internationale, le général Mladić court toujours, plus de quinze ans après son inculpation.

Dans les carnets, les mentions concernant les inculpés du TPIY reviennent presque chaque jour. Qu'il s'agisse de Mladić, de Karadžić, arrêté à Belgrade en juillet 2008, ou encore de Goran Hadžić (ancien président de la République serbe de Krajina accusé en
2004 de crimes de guerre et crimes contre l'humanité), lui aussi toujours en cavale, les communications sont constantes entre la ministre de la défense Michèle Alliot-Marie, le président Chirac, et la direction des services.

La priorité des priorités a longtemps concerné le général croate Ante Gotovina, ancien membre de la Légion étrangère. Il n'a été arrêté que le 7 décembre 2005. Quelques mois plus tôt, le général Rondot notait : «Cesser de traiter Gotovina». Avant d'être ainsi «lâché» pa

via www.mediapart.fr

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