Etats-Unis : Les Républicains défendent le droit à l’ignorance et à l’idiotie | Rue89

« Je suis incapable de nommer quelque scientifique que ce soit ! »

Perry a pour sa part fait des étincelles. Voici sa pensée, décortiquée par une chroniqueuse de Grist, site américain écolo :

« Tous les scientifiques ne croient pas au changement climatique, j'en suis presque sûr. »

« Je ne peux nommer aucun de ceux qui n'y croient pas, mais de toute façon, je suis incapable de nommer quelque scientifique que ce soit. »

« Même si ce qu'ils disent est un fait avéré, ça ne veut pas dire que c'est vrai. »

« Prenez Galilée. Lui, il n'aurait probablement pas cru au changement climatique. »

Si on ajoute à ces puissantes certitudes sur le climat le fait que Perry conteste vigoureusement la théorie darwinienne de l'évolution des espèces, préférant, comme sa collègue Bachmann et des millions d'autres Américains, s'en référer à la genèse biblique, on comprend mieux pourquoi le journaliste qui animait le débat s'est ensuite tourné vers le candidat John Huntsman.

« Qui est antiscience sur cette scène ? »

Huntsman a été gouverneur républicain de l'Utah avant d'être nommé ambassadeur des Etats-Unis en Chine par Obama. Le fait que le Président lui ait proposé cette fonction, et le fait qu'Huntsman ait ainsi accepté de collaborer avec un gouvernement démocrate, indiquent qu'il se situe plutôt au centre de l'échiquier politique.

Huntsman se démarque même violemment des autres candidats républicains, ainsi que lui a fait remarquer le journaliste :

« Votre principal conseiller politique a récemment décrit le Parti républicain comme étant “une bande d'obsédés butés” antiscience, et ajouté que vos concurrents “déblatéraient des idioties”.

C'est évidemment insultant pour quelques-uns des candidats présents dans ce débat ce soir. Qui est antiscience sur cette scène ? »

John Huntsman a eu la courtoisie de ne pas désigner nommément Bachmann et Perry. Il a répondu :

« Vous ne pouvez pas ne pas tenir compte des certitudes de 98% des climatologues. Vous ne pouvez pas commencer à remettre en cause l'évolution des espèces.

Ce que je veux dire, c'est que si le Parti républicain entend gagner, il ne doit pas s'éloigner des faits scientifiques et de la philosophie partagée par le plus grand nombre. »

Inutile de préciser que John Huntsman n'ira pas bien loin dans la course des primaires.

Qu'on ne s'y trompe pas : contrairement à ce que peuvent laisser penser ces échauffourées rhétoriques et les déchaînements républicains contre l'EPA et le changement climatique, l'environnement ne sera pas un sujet important dans cette course présidentielle.

Des débats théoriques qui n'engagent plus à rien

Il l'avait pourtant été en 2008. Les Américains étaient alors vilipendés dans le monde pour leur refus de ratifier le protocole de Kyoto, et pour l'attitude « négationniste » de George W. Bush sur les questions climatiques. Obama et même son opposant John McCain considéraient, eux, sérieusement le sujet.

Et puis, la crise des subprimes n'en était qu'à ses débuts, l'économie américaine ne s'était pas encore effondrée. Les citoyens avaient encore le souci de préserver l'environnement, fut-ce au prix de quelques sacrifices.

La préoccupation est désormais reléguée au second plan. Aujourd'hui, quand je vois les candidats s'agiter sur le sujet, il est clair qu'ils ne cherchent pas à confronter des stratégies destinées à remédier aux

via www.rue89.com

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