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Les
Editions Sulliver publient votre ouvrage, "Le dévoiement du
christianisme". En français, le "dévoiement" d'une
chose, c'est lorsqu'une chose qui a une extension, une direction,
est modifiée, de telle sorte que la direction initiale ne peut être
atteinte. Un synonyme fort de ce terme est celui de "trahison".
Est-ce bien ainsi que vous l'entendez ?
Eric Coulon : Je
dois reconnaître que le titre proposé peut contenir une certaine
ambiguïté. Il nous faut sans délai la prévenir, la lever et
fournir pour cela une précision d’importance. Ce qu’il est
nécessaire d’entendre par ce titre, c’est non pas que le
christianisme s’est, de lui-même, par lui-même et en lui-même,
dévoyé mais qu’il y a eu dévoiement par rapport au
christianisme, glissement menant hors du christianisme, en
chrétienté, mouvement conduisant finalement à faire passer le
christianisme pour ce qu’il n’est pas. Le « dévoiement »
est ici à entendre comme détournement de la conscience et
usurpation par rapport à une voie originaire et fondatrice qui,
elle, est demeurée et demeure immuable. Cette voie originale est
celle proposée et indiquée par le récit chrétien canonisé,
notamment par les Évangiles. Le dévoiement ainsi entendu est
peut-être une trahison mais c’est une trahison radicalement
aveugle d’elle-même, aveuglée qu’elle est par la certitude qui
l’habite d’être la seule et unique voie chrétienne droite et
fidèle.
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Vous
opposez clairement la source chrétienne, le moment fondateur, avec
Jésus-le Christ himself, et l'après, avec la chrétienté, comme
dans ce passage. "La
voix de Jésus-Christ est une voix s’exprimant de façon
inconditionnelle, parce que guidée par le Verbe et régie par le
seul souci, par la seule nécessité de la Vie, de la Lumière, de
la Vérité ; la voix des hommes de la chrétienté fut trop souvent
une parole conditionnée par des impératifs mondains partiels et
partiaux. La voie du christianisme est métanoia,
une voie religieuse et métaphysique empruntant le chemin
phénoménologique conduisant à la clairière transcendantale où
la communion de l’humain et du divin peut seule s’accomplir ; la
voie de la chrétienté est une voie religieuse et morale se perdant
dans les méandres de l’arbitraire sociopolitique et de la
contingence historique et y égarant avec elle ceux qu’elle
entraîne. La voix du christianisme s’adresse à l’individu,
monte du plus intime en lui, fait appel à ses puissances
supérieures, exige de lui le dépassement de soi, sa maturité
globale, et, enfin, le conduit vers la plus haute et la plus
harmonieuse des communions entre les êtres comme entre les êtres
et Dieu lui-même. La voix de la chrétienté, pour sa part, résonne
de l’extérieur aux oreilles des masses anonymes, pétrifie les
élans de vie, joue avec et manipule les puissances réactives de
l’homme, le maintient dans l’immaturité et la dépendance, et,
finalement, le plonge dans le plus sombre nihilisme. Enfin, la voie
du christianisme est celle de l’Église invisible, de
l’incarnation, de la communauté transcendantale et de la non
dualité, elle amplifie et intensifie la communion avec la Vie ; la
voie de la chrétienté est celle de l’Église visible, du
formalisme, du collectif institué et des dualismes, elle amplifie
et intensifie la fascination pour le monde." Est-ce
à dire que, pour être chrétien, il faut impérativement renoncer
à l'Eglise ? Qu'est-ce qui, dans son Histoire, incarne et démontre
un sens du négatif qui plaide contre elle ?
La
question est de savoir de quelle Eglise nous parlons. S’il s’agit
de l’Eglise terrestre, renoncer, de la part de chacun, aux
intérêts, aux orientations, aux enjeux, aux rites, aux discours et
aux pratiques qui sont les siens est en effet une condition
nécessaire, que je qualifierai de phénoménologique, d’accès à
la voie chrétienne, c'est-à-dire au sens religieux et métaphysique
dont elle est porteuse. L’institution ecclésiastique ne peut être
pleinement au service de l’esprit car elle est avant tout placée
au service d’un collectif anonyme, grégaire, réactif et passif
potentiellement et effectivement soumis à toutes les manipulations,
dominations, crispations et fascinations inhérentes à l’existence
de tout groupe mondainement institué. En
soi, l’Eglise terrestre historique n’est pas une version négative
et critiquable d’une possible Eglise terrestre idéale qu’il
s’agirait de retrouver ou d’instituer, elle est seulement le
versant mondain, et donc irrémédiablement et nécessairement soumis
aux effets négatifs de toute pesanteur liée à une
spatiotemporalisation et à une collectivisation de l’esprit, d’une
épreuve spirituelle personnelle et extramondaine. Toute Eglise
terrestre, quel que soit son nom : catholicisme, protestantisme,
église orthodoxe, et qu’elle que soit sa nature, ne fait
qu’accomplir son destin d’institution de pouvoir et de contrôle.
Les exemples historiques et structurels de l’usurpation comme des
dérives ne manquent pas ; citons, entre autres points que nous
mettons en évidence dans notre livre, la constitution de
l’orthodoxie au IVe
siècle, les baptêmes de masse ou des enfants, la duplicité des
rapports entre le spirituel et le temporel, les violences liées à
l’Inquisition et aux Croisades, le contrôle des consciences
(confession, casuistique, directeur de conscience) ou encore
l’instrumentalisation du savoir. Entropie,
moralisation et inclination sociopolitique sont les principaux
facteurs faisant obstacle à une conséquente conversion des
individus, seul objectif et enjeu d’importance pour une religiosité
soucieuse d’opérativité. La seule véritable et féconde Eglise,
c'est-à-dire communauté digne de ce nom, est l’Eglise invisible
ou, pour le dire dans un registre plus phénoménologique, la
communauté transcendantale des êtres communiant dans le Sens
universel, ce que le catholicisme a appelé la « communion des
saints », court-circuitant toute médiation et toute
représentation institutionnelle et mondaine. Selon nous, hors de
l’Eglise terrestre est le salut. Le salut se trouve hors de
l’institution. Le chemin vers le Soi universel se trouve hors de
l’institution. Le chemin vers l’autre se trouve hors de
l’institution. Le chemin vers l’Autre se trouve hors de
l’institution.
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D'un
point de vue historique et philosophique, cet éloge de l'Origine et
cette accusation contre les prétendus fidèles constitue un couple
lié, répété, observable autant pour le christianisme que pour
l'Islam (dans le wahhabisme par exemple). Et lorsque ces exégètes
"puristes" prennent de l'importance dans les communautés
de foi, on peut observer une surenchère dans les choix et les
impératifs "durs". Or votre livre laisse penser que vous
pourriez développer une spiritualité positive, qui est implicite
dans ce livre. Comment éviter les erreurs de la chrétienté, ce
formalisme dogmatique ?
Plutôt
que d’effectuer une « éloge de l’origine », très
souvent génératrice de ce double écueil qu’est, d’une part, la
croyance en une vérité perdue, et, d’autre part, la naissance
d’une nostalgie pathétique, c’est un retour au principe (au sens
de l’archê des Grecs, c'est-à-dire à la fois commencement et
commandement transcendantaux) fondateur que nous mettons en
perspective. Ce principe est le fond d’un sens universel impliquant
pour chacun interpellation, conversion, renaissance et
accomplissement, épreuve personnelle s’il en est. Quant à votre
question, ce que j’ai avancé précédemment y répond en partie.
Il est encore question de la nature du rapport entre le divin et la
conscience, une conscience non pas collective mais individuelle. Le
formalisme dogmatique, qu’il prenne la forme d’un intégrisme et
d’une intolérance radicales ou qu’il se traduise par des
croyances et des pratiques cultuelles, qu’il soit l’œuvre des
« gardiens » autoproclamés de la droite foi ou se
manifeste chez la très grande majorité des fidèles, qu’il
s’actualise comme violence physique, psychique et(ou) symbolique,
ce formalisme a toujours pour cause principale ce que nous appelons
l’usurpation par la représentation. Qu’elle se présente sous la
forme d’institutions, de rites ou de discours, la représentation,
lorsqu’elle n’est pas support et médiation d’une épreuve de
reconduction-renaissance à ce fond dont nous parlions mais s’impose
─ et dès lors s’interpose ─ de l’extérieur aux êtres comme
autorité souveraine, devient immédiatement source de domination, de
fascination, d’imposture, d’idolâtrie, d’entropie,
d’affectation, de simulation, de passivité, de formalisme,
d’ostentation, source de grands airs et de grandiloquence. La
représentation n’est plus alors moyen mais fin, elle n’est plus
activation du noyau mais génératrices d’automatismes aliénants.
C’est au fond l’histoire circonstanciée de cette usurpation que
j’ai essayé de mettre en évidence dans mon livre.
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De
Jesus, Iéchoua, "Christ", il y a et il n'y a que les
Evangiles, les 4 textes, semblables et différents, qui, par leur
nombre, se légitiment chacun par l'autre, tout en incarnant, pour
la première fois dans cette aire-là, la subjectivité du témoin.
Nous qui sommes habitués aux dialogues platoniciens et à la figure
civique socratique, ce Jésus n'est pas un homme de Jérusalem. Il
fréquente plutôt les malheureux, les miséreux, les souffrants,
et, s'il ne leur parle pas d'espoir, il leur donne espoir, par ses
actions "magiques". Sans magie, la "divinité"
de Jésus aurait eu du mal à être perçu et cru. Or, c'est
précisément une des dimensions que l'Eglise catholique s'est
obstinée à relativiser, voire nier. Comment interprétez-vous la
figure de ce fondateur, notamment dans ses actions "héroïques",
magiques mais aussi de contestations des pouvoirs établis ?
A
propos de Jésus-Christ, n’oublions pas les textes que l’on
qualifie d’apocryphes, c'est-à-dire ces textes que l’orthodoxie
catholique, pour des raisons à la fois théologiques, tactiques,
stratégiques et dogmatiques n’a pas désiré retenir dans la
constitution du Canon officielle, comme par exemple l’Evangile de
Thomas. Ce
que vous appelez « magie » correspond dans l’économie
du récit chrétien à la présence et à l’action du Verbe fait
chair. Elle renvoie à la figure de Jésus-Christ thaumaturge. Que
cela soit pris au premier ou au second degré, c’est la question
d’un pouvoir qui est mise en évidence, celle de l’esprit
incarné, ce qui peut valoir comme spécificité radicale de Celui
venu annoncé et manifesté la Bonne Nouvelle ou comme horizon
spirituel et motif d’une nouvelle considération de la
connaissance. Je ne crois pas que l’Eglise refuse de reconnaître,
tout au moins de croire, à ce qu’elle appelle des « miracles »,
certainement pas pour ce qui est de Jésus-Christ mais pas non plus
dans l’histoire des hommes ; il semblerait par contre qu’elle
fasse preuve à ce sujet de prudence et qu’elle préfère ne pas
s’attarder sur cette question là. Pour qu’elle raison et que
faut-il en penser, je n’ai pas de réponse à ces questions. Une
chose cependant est sûre, que reconnaissent du reste la plupart de
ceux qui ont réfléchi aux origines du christianisme, sans la
Résurrection qui accompagne et, peut-on dire, accomplit la Passion,
il y a peu de chance qu’il y ait eu un mouvement chrétien.
L’angoisse et le doute l’auraient sans doute emporté sur la
force de conviction ou sur ce que vous nommez « l’espoir ».
Mais ceci concerne, dirons-nous, les faits. Sur le plan de la
symbolique spirituelle et du récit initiatique, la Résurrection
constitue, par rapport à la Passion, l’étape indispensable venant
compléter la structure traditionnelle mettant en scène une mort
symbolique suivie d’une renaissance spirituelle. La
figure du Jésus contestataire fait effectivement partie des
possibilités de lecture du récit chrétien. Au risque de me
répéter, je dirai que s’il existe une dimension « subversive »
du christianisme, comme le pense Jacques Ellul, elle provient du
fait, et c’est là selon moi ce qui constitue l‘originalité et
la force du christianisme, de la double affirmation de l’importance
spirituelle de l’individu comme lieu d’une épreuve fondamentale
d’une part, de la vie transcendantale comme source et milieu
essentiels d’autre part. Autrement dit le christianisme conduit de
surcroît à relativiser et le groupe, et la société et ce que nous
appelons le monde, c'est-à-dire les préoccupations, les intérêts,
les orientations, les enjeux, les conceptions et l’ensemble des
formes, toujours transitoires, partiaux et partiels, qui constituent
l’environnement transcendant des hommes. Relativiser n’est pas
ici nier mais renvoyer ces réalités à ce qu’elles sont,
c'est-à-dire des écorces se détachant de la vie même dont nous
faisons en permanence, pour la plupart sans le savoir, l’épreuve.
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Dans
votre "épilogue faisant office d'ouverture prophétique",
vous déclarez que "la religion du Fils ne s'est encore
jamais accomplie", en ajoutant que "C'est le retour du
Christ, le nouvel avènement du Fils qui demeure le seul véritable
impératif civilisationnel et spirituel. La matrice de cette
renaissance n'est pas mondaine, mais transcendantale, ce n'est donc
pas dans le monde qu'il faut chercher cette venue -qui est en
réalité un advenir à- mais au plus profond de l'individu, dans
l'extramonde où, où de toute éternité, brûle le divin."
N'est-ce pas là le signe le plus important de changement dans un
discours chrétien, qui cesse d'en appeler au dehors, à la foi des
autres, aux masses, … et qui invite chacun à devenir un peu plus
"divin", par ses efforts personnels ?
La
« religion du Fils » est impossible car la conjonction
opérative
de l’institution ecclésiastique temporelle avec l’être
individuel est elle-même un processus impossible. Parlons plutôt de
« religiosité du Fils », ce qui implique le maintien à
distance de toute institution temporelle et le recentrement des
enjeux sur l’épreuve spirituelle individuelle accomplie à travers
un rapport immédiat au divin. Cette
épreuve est effectivement le changement le plus conséquent qu’il
puisse y avoir chez un être et je pense que notre époque est en
quelque sorte une matrice en même temps qu’un creuset favorables à
cette transformation personnelle. C’est toute la question du
Royaume de Dieu qui est ici posée, et son avènement est notre
épreuve fondamentale. Tout dépend en réalité de l’orientation
du regard et de la nature de notre rapport au réel. L’alternative
est au fond très simple : ou bien je suis soumis au prince de ce
monde et à son royaume, c'est-à-dire diverti et fasciné par les
constructions sociopolitiques, positivistes et idéologiques jusqu’à
l’aliénation totale de ce qu’il y a de plus intime, de plus
précieux et de plus actif en moi ; ou bien je retrouve une
communication féconde avec la vie universelle, avec le cosmos et
avec les autres, ce qui constitue le chemin le plus sûr vers la
communion dans le Sens. Ou je suis tourné vers la source
transcendantale de vie dont je porte en conscience la charge
génésique que j’incarne et transfigure à la fois, ou je suis
détourné d’elle et j’erre indéfiniment au milieu des formes
désincarnées et défigurées qui tendent à me réifier. Ou je
livre ma puissance d’être aux multiples injonctions émanant des
formes et des forces contingentes, ou je fais coïncider cette
puissance avec la Puissance et le Sens unifiants dont est grosse la
vie. Ou j’attends en vain une solution d’envergure en provenance
du monde dont ce n’est pourtant en aucune manière la vocation, ou
j’accompli de moi-même, par moi-même et en moi-même ce qui, du
plus profond, du plus singulier et pourtant du plus universel de
l’être, s’adresse à moi et se présente comme mon destin
plénifiant. Ou je suis actif, ou je suis passif. Ou je reste mineur
et dépendant des matrices mondaines, ou je deviens majeur et m’en
libère pour renaître à l’universel devenir. Nous
sommes de ceux qui, à la suite notamment de Raymond Abellio et
Michel Henry, chacun très différemment, pensent qu’il y a une
étroite parenté et conjonction entre le christianisme et la
phénoménologie initiée par Husserl. L’introduction que je
propose est une tentative, évidemment très esquissée, de lecture
phénoménologique du christianisme.
- Vous
venez de créer une nouvelle revue, "Trans-humance", avec
un premier numéro. Pourquoi une telle revue, et de quoi parlez-vous
dans ce premier numéro ? Où est-il possible de se la procurer ?
Les
motifs explicites ayant conduit à la création de Trans-Humance sont
quadruples : la revue est tout d’abord le fruit d’une
heureuse rencontre humaine et intellectuelle entre des êtres ayant
décidé un beau jour, un de ces jours où naissent les enthousiasmes
féconds, de constituer et de participer à une expérience créatrice
commune ; il y a ensuite le désir d’articuler, de faire signe
vers, de rendre visible et d’ouvrir des perspectives, certes
différentes mais toutes relativement inactuelles et radicales, sur
le réel, de ces perspectives intellectuelles et éthiques qui ne
sacrifient en rien aux enjeux sociopolitiques ou aux idoles de
la tribu et valorisent plutôt l’expérience personnelle ; c’est
aussi l’envie de mettre en œuvre une plateforme d’ouverture,
d’exigence et d’intransigeance, sans a priori, sans chapelle,
sans inertie, sans condition, sans formalisme, afin de fédérer et
de réunir, sous une forme ou sous une autre, des consciences, des
êtres, des individus habités par le souci et la joie de
comprendre, d’éclairer et de partager ; une question précise
constitue la quatrième motif, celle de la représentation (sa
nature, ses enjeux, sa positivité, ses limites) que nous n’abordons
pas nécessairement de front mais au travers d’un thème clé, à
savoir l’être humain, son être et son devenir, ses modes de
connaissance et d’existence.
Compte
tenu de ce dernier point, chaque numéro comporte un dossier
thématique annoncé sous la forme d’une périphrase à la
structure récurrente : L’homme
qui…
Le premier numéro porte sur L’homme
qui parle tout seul,
figure généralement associée à une forme de déséquilibre mental
et psychologique, être que l’on observe de loin et duquel on se
détourne car il incarne le hors norme, l’asocial ou la folie. Pour
nous, cette figure est celle de l’être en mutation, de l’être
en communication avec le divin ou encore celle de l’artiste
inspiré. Le second numéro (à paraître courant décembre 2009)
traitera de L’homme
qui porte des prothèses.
Trans-Humance comporte aussi ce qu’on appelle habituellement des
rubriques, c'est-à-dire des cadres récurrents, que nous avons nommé
Grand
Largue & Labyrinthes
ainsi que des confrontations en vis-à-vis de représentations
baptisées En
regard. Pour
accéder au sommaire, obtenir certaines informations et savoir où
trouver Trans-Humance, nous renvoyons au blog de la revue :
http://transhumance.hautetfort.com/