« Descartes n’était pas Vierge », de Marjorie Poeydomenge, des philosophes sous influences

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Dans l'Histoire des livres, il y a des livres rares, stupéfiants et salvateurs, parce que, au milieu de ceux qui assènent des certitudes dans des genres et des limites prédéfinis, ils permettent d'interroger ces frontières, l'Intelligibilité générale en vigueur. C'est ce que réussit à faire le livre de Marjorie Poeydomenge, "Descartes n'était pas Vierge", une Histoire humoristique et sérieuse de quelques philosophes considérée à partir des principes déterminants de l'astrologie. Ce qui, en terre prétendument "rationaliste" constitue une audace et n'en doutons pas, pour certains, un crime de lèse-majesté. Car, au fur et à mesure de notre Histoire, notamment celle dite occidentale, ce qui s'est constituée en tant que "Raison" doublement raisonnable, rationnelle, avec l'apparition des sciences, a, dès celle-ci, réussi à exclure l'astrologie du champ des sciences réelles, grâce surtout au soutien actif de l'Eglise qui avait décidé de soutenir le principe de la "liberté de conscience", pour justifier les responsabilités et les fautes du "pêcheur". Désormais, en tant que discipline "autonome", "la" "philosophie", enseignée, au lycée et à l'Université, radote sur les "philosophes", et les fait étudier à la manière de l'Eglise, par lecture exégétique. Entre les lignes, entre les mots, des vérités secrètes et bouleversantes attendraient l'étudiant. Et au principe de cette lecture religieuse, il y a le fait que les discours, les écrits de ces "grands penseurs" devraient être lus selon leur propre critère commun, "la raison", selon leurs propres critères de sens, sans les ramener à la particularité de l'auteur, sans les inclure dans un contexte, historique, culturel, sans se permettre d'en montrer les faiblesses, pourtant évidentes dans de nombreux cas (Descartes comme Heidegger). Loin d'être humains, trop humains, ces "philosophes" ne le seraient plus à force d'être deshumanisés par une pensée, seule, comme si des déterminations universelles ne les avaient pas, eux aussi, constitués, influencés. C'est ce que l'ouvrage courageux et drôle de Marjorie Poeydomenge réussit à faire, à rappeler. Loin d'échapper par une divine liberté à leurs conditions d'existence, les conatus et clinamen de ces figures tutélaires sont souvent inscrits dans les principes des Signes. Ainsi, Jean-Jacques Rousseau est évidemment un cancer ("au pays de Candy" !) parce que…, Kant est évidemment un Taureau parce que… (ah, son impératif catégorique qui constipe !), Jean-Paul Sartre est évidemment un Gémeaux (ah, la conscience-Tourniquet qui constitue une "critique" de la raison sartrienne !), Descartes est évidemment un bélier (lui qui "abat le doute", contrairement à toute sa réputation scolaire !), etc. 38 "philosophes" et intellectuels (comme Lou Andréas-Salomé) sont ainsi re-présentés, originalement interprétés, avec rigueur. Ainsi, dans le silence "critique" des médias français et particulièrement des médias littéraires, un grand livre est publié, mais dans ce silence, on entend un grand rire nietzschéen et le mien, pour remercier ces mêmes médias littéraires d'être aveugle et sourd… Le livre, publié via Lulu, avec une belle couverture, pourrait être heureusement publié par une maison d'édition francophone, ce qui permettra à l'auteure d'approfondir certains chapitres, et d'ajouter quelques auteurs à son tableau de chasse.

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moustik2
moustik2
14 années il y a

l humain qui n a pas de faiblesse se brisera car il en ignore l éxistence.

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