Pourquoi ma mère chinoise n'a pas voulu de moi ?
Le livre regroupe dix histoires de mères, de couples, d'abandons d'enfants, d'infanticides par les parents ou les sages-femmes. Des témoignages aussi sur la situation misérable, il y a quelques années, des orphelinats, sur les trafics et les enlèvements d'enfants. La politique internationale d'adoption et son évolution sont également analysées.
Xinran salue d'abord le courage de ces mères qui ont refusé d'avorter malgré les pressions , qui ont donné la vie à ces petites filles qu'elles ont été forcées d'abandonner par la suite.
Les garçons sont depuis toujours privilégiés :
« Si vous n'avez pas de fils, vous n'aurez personne pour brûler l'encens sur l'autel des ancêtres… Vous ne recevrez pas non plus de terres supplémentaires…
Les fonctionnaires responsables ne nous donnent pas de champ supplémentaire quand une fille vient au monde. »
De plus, à la campagne, le garçon est, le plus souvent, la seule « assurance-retraite » de ses parents alors que la fille est un « investissement non-rentable » car elle rejoint la famille de son mari.
Tout cela change, mais lentement, ainsi que le montrent les livres récents de Leslie Chang, ou de Xinran qui insistent sur l'impact, dans leur famille, de l'apport des économies de paysannes devenues ouvrières. Interview.
Bertrand Mialaret : Les infanticides à la naissance sont-ils toujours pratiqués ?
Xinran : En 2010, j'ai visité plusieurs régions, dans le nord , près de Harbin, j'ai reconnu dans certaines maisons ces bassines en bois laqué rouge qui servent à baigner les nouveaux-nés et éventuellement à noyer les petites filles à la naissance…
A Harvard, il y a quelques mois, une étudiante me demanda de dénoncer cela ; elle a une bourse mais son frère et sa belle-sœur ont été forcés d'éliminer deux bébés à la naissance car, à la campagne, dans certaines régions, il faut d'abord avoir un garçon.
Il s'agit bien sûr des campagnes les plus arriérées, beaucoup plus dans le nord et l'ouest que dans les régions côtières.
La politique de l'enfant unique est-elle responsable de cette situation ?
Cette politique est un élément d'une politique globale de contrôle des naissances. Comme je le rappelle dans l'introduction, dès 1950, l'économiste et démographe Ma Yinchu insiste sur l'absolue nécessité de maîtriser l'expansion démographique ; il s'oppose à Mao Zedong, nataliste convaincu, qui le fait démissionner en 1960 ; 500 millions d'habitants en 1949, 700 millions en 1966, 1,2 milliard en 1979.
Les familles paysannes, qui bénéficient pourtant de dérogations, s'opposent à cette politique, qui n'est appliquée strictement et efficacement que dans les villes et dans certaines régions, souvent de manière très brutale.
Le sexe est souvent connu avant la naissance, de ce fait des avortements sélectifs créent un déséquilibre démographique pouvant aller dans certaines zones jusqu'à 130 garçons pour 100 filles. De ce fait, se multiplient ces dernières années, au Vietnam et au Yunnan, des enlèvements de jeunes filles à marier et des trafics de prostitution.
Le taux de suicide des femmes baisse-t-il ?
La Chine est le pays qui compte le plus de suicides (300 000 par an) et le seul où les femmes (58%) se suici
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