Il y a un an, il avait des « idées et des rêves ». Il en a même fait un livre. Aujourd’hui, Arnaud Montebourg est ministre et c’est le rapport Gallois qu’il rêve de voir trôner en librairie. « Tous les Français devraient le lire. J’ai suggéré au premier ministre d’en faire un livre de poche pas cher », a-t-il lancé jeudi. Sans ironie aucune. Montebourg n’est plus le candidat de la démondialisation, mais un locataire de Bercy favorable à la baisse du coût du travail, qui a bataillé ferme pour que le gouvernement s’engage dans un vaste plan de compétitivité. De quoi perturber ses électeurs de la primaire, souvent issus de la gauche du PS, du Front de gauche ou nostalgiques de Jean-Pierre Chevènement, qui ont cru en une nouvelle figure pour les représenter.
Mais si trouble il y a, il vient d’un malentendu, rétorquent ses amis. « Il y a une confusion qui traîne : les batailles menées à l’intérieur du PS, primaire incluse, le placent à la gauche du parti. Entre Benoît Hamon et lui, ce serait du pareil au même… Or, de la VIe République à la réindustrialisation et la démondialisation, Montebourg est sur un créneau moderniste, avec quelques classiques républicains, mais pas sur le périmètre habituel de la gauche du PS », explique son lieutenant au parti, Paul Alliès. « À la gauche du PS, on prône le primat du social sur l’économie. Arnaud fait l’inverse : pour lui, le social passe par l’économie », abonde un des proches du ministre du redressement productif, quand son ancien porte-parole de la primaire, Bertrand Monthubert, juge qu’il occupe « une position centrale au PS ».
De fait, si Arnaud Montebourg a fait campagne (notre dossier) l’an passé sur la lutte acharnée contre la finance et défendu une réorientation complète de la construction européenne, il prônait déjà, à l’époque, une union sacrée entre les « producteurs », les consommateurs et les ouvriers. Dans son livre-programme, Des idées et des rêves, nulle trace de la lutte des classes ou d’un renversement du ca
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