Désormais la "planète vivante", résumée dans une notion générale, vague et anthropocentrique, "l'environnement" est à la mode. L'Europe moquée par un De Gaulle a été remplacée par "l'écologie". Il faut "protéger l'environnement". De qui et de quoi ? De l'homme, et de certaines de ses créatures -idées et matières. Mais qui peut protéger l'environnement de l'homme – l'homme de l'homme ? Certains attendent depuis quelques décennies. Ce sont les "animaux". Pendant des millénaires, ils ont été les compagnons de l'animal humain, nourrissant son âme de leur image, de leurs relations et de leurs connaissances du monde, comme à Lascaux, nourrissant parfois son corps. Un renversement historique s'est produit, au sein même de la pensée philosophique, à une époque où l'Europe était en train de développer sa colonisation et de pratiquer l'esclavage. Et c'est avec Descartes que ce renversement se produit : les animaux sont réduits à des machines, au même moment où les Indiens des Amériques n'ont pas d'âme, selon les décisions finales de la controverse de Valladolid. La pensée cartésienne, qui définit le monde simplement par "la pensée" et "l'étendue", fait de cette matière indistincte la zone d'instrumentalisation de tout ce qui est utile à l'Homme, selon ses décisions et ses goûts. Si deux siècles plus tard apparaissent d'apparents nouveaux "Droits de l'Homme" au sens où chacun croit entendre l'expression de droits fondamentaux définissant et caractérisant chaque individualité humaine, c'est que celles et ceux qui se disent "les Hommes" en viennent en énoncer ce qui constitue l'ensemble de leurs Droits, leurs pouvoirs légitimes sur le réel. Les femmes de la Révolution sont renvoyés à leur esclavage domestique, les esclaves sont un temps libérés avant que Napoléon décide de commettre une faute en rétablissant le droit à l'esclavage, parce que des maîtres y prétendent. Avec le Nazisme, on assiste à une hypertrophie dans la prétention à des droits universels-singuliers, avec le corollaire extraordinaire dans la dénégation de l'existence de ces droits universels-singuliers pour d'autres. Les "droits humains" ne sont pas une solution, mais un problème, parce que leurs racines ne sont pas exposées et intérrogées. Mais face à la violence de quelques-uns, ces "droits" constituent la prétention légitime à une protection – de quelle source légitime ? Si cette violence esclavagiste et criminelle a planétairement reflué (pour combien de temps ?), concernant les relations interhumaines, elle s'est développée dans des proportions gigantesques à l'égard des "faibles naturels", les animaux (et les enfants, cf. la note précédente). S'ils ont, selon les droits nationaux et internationaux, des droits selon le Droit, il leur est difficile d'exiger la protection permanente et absolue de leur intégrité dans la mesure où ils ne peuvent accéder à celles et ceux qui mettent en oeuvre les moyens de cette protection. Dans "Droits des animaux", Enrique Utria, fait le point sur certains théoriciens et philosophes contemporains des droits – mais il ne faut pas oublier l'implication de la pensée philosophique dans l'inconscience européenne, occidentale et humaine depuis la Renaissance. Pourquoi ces théoriciens ne semblent-ils pas être très lus et entendus ? Comment une conscience humaine adaptée à l'existence de la vie et des sensibilités peut-elle se développer, à côté et contre celle du "bon sens" qui tue ?
http://eco.rue89.com/2009/09/15/comment-charal-tente-de-bloquer-des-videos-sur-ses-abattoirs
La question est de la barbarie ou de la civilisation. La première laissant libre champ au plus fort à imposer ses droits et ses désirs, sans jamais évoquer ses devoirs..
La seconde est d’inviter la notion et l’application du respect réciproque dans tout acte de la vie et toute réflexion individuelle et collective.
Il en va de la chasse comme du droit des enfants et des suicidés de France Telecom. De la question du voile intégral et des bonus des banquiers.
C’est une question fondamentale et un choix de société. Avons-nous le souhait de trancher une bonne fois ? Ou bien, par paresse, lâcheté ou bêtise, revendiquer « la nature humaine » avec laquelle il faut bien faire… et qui a le dos large en laissant passer tant et tant de vilénies…
Je ne crois pas que le souhait soit présent. En tout cas, je ne vois aucune volonté politique se dessiner dans ce sens.
Je crois au contraire que nous nous acheminons vers un monde à la cyber punk et me réfugie, lâchement, quant à moi, dans la consolation de ne pas avoir d’enfants à qui je dusse expliquer autant d’abdications…
Bien à toi Grell !
« Je ne crois pas que le souhait soit présent. En tout cas, je ne vois aucune volonté politique se dessiner dans ce sens. »
Précisément, et c’est bien la raison pour laquelle il est si nécessaire de ne pas se taire, de ne pas laisser faire en laissant penser que nous ne savons pas et que nous acceptons. Non, pas en mon nom !