« De Gaulle au bac : l’étrange promotion du général », un débat avec Arrêt sur Images

"De Gaulle au programme de Lettres du
bac L ? Horreur! Formidable! Les réactions sont passionnées et
passionnelles. Un collectif de profs de Lettres et le Snes,
principal syndicat du secondaire, classé à gauche, sont vent debout contre cette promotion au rang
d'écrivain de l'homme du 18 juin. Le Figaro la soutient ardemment.
Que
cache ce choix ? Qui en est à l’origine ? Et pourquoi la polémique
resurgit-elle aujourd'hui, alors que la pétition date de février ?
De Gaulle est –il un écrivain? Depuis que le troisième tome de ses
Mémoires de guerre (qui porte sur la période 1944-46) est inscrit au
programme de lettres de terminale L pour l'année 2010-2011, le débat est
relancé. Le Snes, ainsi qu'un collectif
de professeurs de lettres
, s’opposent à ce choix. L'écrivain Max
Gallo, le journaliste Pierre Assouline, au contraire, le défendent. Mais,
au-delà du débat lui-même, "l’affaire de Gaulle" suscite quelques
interrogations. Car la polémique ne date pas de ces derniers jours. C’est en janvier
que sont publiés par circulaire les nouveaux programmes. Quelques jours
après, le 5 février, le Snes publie un communiqué, pour en critiquer plusieurs aspects. Un
paragraphe concerne le choix de l'ouvrage : le Snes explique s’y
opposer, pour des raisons «pédagogiques». Leur critiques
portent essentiellement sur les qualités littéraires de l'oeuvre :
pourquoi choisir ce livre, alors qu'il en est de plus marquants au XX e
siècle? De plus, l'oeuvre semble trop difficile d'accès pour des élèves
de 17 ans. En parallèle, un collectif de profs, "Lettres
volées
", lance une pétition, que ne signe pas le Snes. Leurs
arguments sont essentiellement politiques : pour eux , faire étudier un
livre de de Gaulle est le résultat d'un parti-pris idéologique. Le Snes,
de son côté, assure «ne pas contester des œuvres au nom de leur
couleur politique». (…)
De Gaulle aurait-il donc été choisi pour des raisons autres que
simplement pédagogiques et littéraires ? Qui a choisi, d'ailleurs, de
mettre cette œuvre au programme? C’est une commission composée de 5
inspecteurs généraux de l‘Education nationale, qui s’est réunie en
novembre dernier. Dans cette commission, Philippe Le Guillou, doyen des inspecteurs de
l’Education Nationale, qui est aussi écrivain, et, accessoirement,
gaulliste convaincu. Il a d’ailleurs réédité, cette année, aux éditions
Gallimard, "Stèles à de Gaulle", un vibrant hommage au
général. Une coïncidence que ne manquent pas de souligner les "Lettres volées"
et le Snes, qui a publié un billet d’humeur sur le sujet : "La réédition
soudaine de ce texte hagiographique conjointement à la publication du
programme fait désordre"
. De son côté, Le Guillou "se défend",
dans une interview à l’Humanité, d'être "à l’origine" de ce
choix. Mais le justifie malgré tout par «les qualités littéraires
de l’oeuvre, et le double anniversaire gaullien: son appel et sa mort."

Il faut dire, par ailleurs, que le Snes ne porte pas le doyen dans
son cœur, et que son opposition ne se limite pas au débat sur de Gaulle.
Sultan le définit comme «partisan de l’école républicaine, à
l’ancienne
», à l’opposé du Snes, plutôt proche des "pédagogues",
dans le débat qui partage le monde de l’éducation, et qui était le
sujet d'une récente émission
Ligne Jaune
. Autre critique sur le choix du programme de Lettres : la publication
des livres au programme de terminale a eu lieu dès janvier, alors, que
d'habitude, elle n'est publiée qu'en avril. Sultan juge cette «précipitation
étrange
». Dernière bizarrerie, selon Tristan Macé, professeur de
Lettres et signataire de la pétition "Lettres volées' : aucun enseignant
n'a été consulté pour le choix des ouvrages. "Il est d'usage,
explique-t-il, que des enseignants de Lettres en terminale soient
convoqués par l'inspection générale et se réunissent pour proposer une
liste de livres, les inspecteurs généraux choisissent ensuite en
fonction de cette liste
". Pour la première fois, cette année, ça
n'a pas été le cas. Philippe Le Guillou n'a pas répondu à nos sollicitations, s'enfermant
(logiquement ?) dans un mutisme…gaullien.Mais sur le fond, que penser des qualités littéraires des
Mémoires de guerre ? "Vieil homme, recru d'épreuves, sentant venir
le froid éternel".
.. : nous nous plongerons D@ns le texte
du style gaullien, dans la prochaine émission de Judith Bernard, mise en
ligne jeudi."

De Gaulle : idolâtrie d'Etat

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x