Il fallait s'y attendre : la Chine s'est engouffrée dans la brèche ouverte cette semaine par le premier ministre britannique David Cameron en exprimant son souhait de contrôler Internet et les réseaux sociaux dans la foulée des émeutes en Grande-Bretagne. Pékin y voit la légitimation de sa censure implacable et va même jusqu'à dire que David Cameron a enfin compris !
C'est le Global Times, organe officiel très nationaliste, qui exprime souvent crûment la pensée du pouvoir chinois, qui l'écrit :
« La proposition de Cameron de bloquer les réseaux sociaux détruit le concept de liberté d'expression de l'Occident qui a toujours présenté une supériorité morale en critiquant les développements hésitants de la liberté sur Internet dans les pays en développement. […]
Concernant la Chine, les défenseurs d'un développement sans limites d'Internet devraient réfléchir à deux fois à leurs idées. Sur Internet, il ne manque pas de posts et d'articles incitant à la violence. Ils ne manqueraient pas de créer des dégâts immenses s'ils étaient autorisés à être diffusés sans contrôle. Dans ce cas, tous les gouvernements n'ont pas d'autre choix que de fermer les sites qui les diffusent et d'arrêter les agitateurs. »
« La libre circulation de l'info peut être utilisée pour le mal »
David Cameron a créé la surprise, dans sa déclaration aux Communes, jeudi, en évoquant la possibilité de couper les réseaux sociaux en cas de troubles, ou même de prendre des mesures préventives en cas de préparation de violences, ce qui impliquerait des écoutes généralisées. Il a déclaré :
« Nous travaillons avec la police, les services de renseignement, les industriels pour voir s'il est possible d'empêcher les gens de communiquer via ces sites et services internet lorsqu'on sait qu'ils planifient des actes criminels. »
Cette piste de réflexion de la part du Premier ministre s'est attirée des commentaires négatifs, à l'image de cette réaction, sur Twitter, de Jeff Jarvis, professeur de journalisme à New York, spécialiste d'Internet et des nouveaux médias :
« Je ne pense pas que Cameron soit devenu d'un seul coup anti-médias sociaux, il cherche plutôt un bouc émissaire simple à blâmer. La technologie est toujours une cible aisée. »
« Les outils sont neutres. Ils peuvent effectivement être employés de manière positive ou négative. Mais frapper un mauvais usage et détruire l'outil est une politique à courte vue et vraiment très dangereuse pour une société libre. »
Le Net, « plus grande saloperie » inventée par les hommes ?
via www.rue89.com