Dans les médiatisations, autrement dit les "surfaces" où surfent les surfaits, et, dans les grandes surfaces où les choses vont idem, vous n'aurez pas entendu parler d'Alain Cauvet – pas encore, ou peut-être, jamais. Les mac'do de la "culture" ont des têtes de gondole – pour nous faire rire, avec des formats qui ressemblent à des livres, mais qui sont seulement des passages, le passage du néant à l'être acheté, et après, le total des totaux. L'édition est un des champs qui aura le moins bien résisté à la massification/industrialisation. Des marques d'édition vendent des marques d'auteur -avez-vous acheté l'ouvrage d'automne 2016 d'untel ? Certains sont ainsi abonnés à des sagas. L'HarryPotterisation prend les gens pour des… et les gens sont des…, dixit les gens eux-mêmes. Dans 20 ans, cette harrypotterisation/hypnotisation sera étudiée pour ce qu'elle est : comment ? pourquoi ? Le principe de ces murs-du-son est de faire beaucoup-de-bruit-pour-rien (non, pas pour rien, mais pour faire du bruit) et que vous n'entendiez pas autre chose. C'est ainsi que les rares médias mainstream diffusent les mêmes images et sons, donnent la parole aux mêmes, un petit cercle, comme si nos mondes se réduisaient à leurs réductions. Evidemment, il est vaste, divers, foisonnant, et il faut aller marcher pour l'écouter et l'observer. Parmi les originaux de notre temps, Alain Cauvet, enseignant en région parisienne, est un tard venu à l'écriture. Il a longtemps écrit pour lui-même, persuadé que ses récits ne pourraient… Face à quelques démentis amicaux et sincères, il a donc pris le chemin inverse, et s'auto-publie tranquillement (voir le lien ci-dessous), en créant des oeuvres atypiques, comme cet "Aux antipodes", sous titré "Fric, Bourse, Cac40… A ces partageux ! A ces anarchistes !" : recueil de poèmes dédiés à cette Matrice du Capital, il rend hommage en un Poème "A ces pirates (…) A ces corsaires (…) A ces forbans (…) A ces visionnaires (…), qui vivent à l'ombre de ce sur quoi porte les seules lumières de la Matrice, les chiffres des rentes. "Des Idées et des Hommes" est aussi un recueil de poèmes, fondé dans l'évocation et l'hommage à Jean-Jacques Rousseau, l'observateur philosophe et poète de la "Nature". Dans "De Rousseau à Diderot", ce sont les idées, pensées, qui sont comme des sensations pour l'auteur, ce qui constitue une approche inédite de cette expression humaine si ambivalente, les "Idées". C'est "Des Idées et des Hommes", le poème qui donne le ton de cette poésie-en-conscience : les Idées sont notre bien, notre "contact" et notre danger.
"Quelque part, j'entends dire que la bataille
d'Eylau a été une "vraie boucherie"
Qu'est-ce qu'une guerre ? Une nature meurtrie
dans un abattoir où la vie n'est qu'un détail
Souffrance, cruauté, remords vous assaillent
a t-on jamais vu une guerre, aujourd'hui
comme hier, propre, sans automates ni même folie ?
Sans financiers qui jouent à de paisibles batailles ?
Orchestrée avec tact, grâce et délicatesse
dans l'ombre et les feutres de la subtile bassesse,
une guerre n'arrive jamais inopinément
Aussi, malheur aux naïfs, aux sincères
qui tombent dans les mâchoires de fer
de la manipulation des puissants
L'Hugo de La Légende des Siècles, de 1793, semble retrouver vie avec des poèmes où le poète flétrit "la force de la tyrannie guerrière", et c'est à la "Guerre" que l'un des poèmes rappelle/martele ses oeuvres. La seconde partie du recueil évoque "la" religion, force motrice de ces violences, et dénonce le fait qu'aujourd'hui, "tout est truqué". A côté d'un Houellebecq hyper cynique et absolument démotivé, Alain Cauvet cache dans les noirceurs qu'il évoque la flamme jamais éteinte d'une révolte, juste, nécessaire, capable de changer ce cours des choses. Avec la fin du recueil, le conteur retrouve "le silence : un privilège", la "Brise" marine, un "lieu de bonheur". La barbarie de cette "civilisation" ne peut nous ôter le rapport à l'Etre, rapport gratuit à cela qui est gratuit et qui donne. Ce n'est donc pas un hasard si le recueil se termine par le Poème "Révolution ?" qui rappelle le sens cyclique de ce terme astronomique, le fait que nous revenons à notre point de départ au terme du mouvement, cette "fatalité" et la question de l'espoir : parviendrons-nous un jour à sortir du cercle des répétitions infernales ? Dans ce rapport à ce qui se donne, l'auteur nous fait comprendre que la sortie est déjà là, sous nos yeux. La dépollution des consciences reste donc l'oeuvre majeure du temps.
La liste des oeuvres d'Alain Cauvet est disponible à cette adresse.
Il prépare un essai très important sur les droits des animaux, l'Histoire des droits, animaux, au regards des droits humains.