Dans les catacombes, ma séance de ciné vire à la fête sauvage | Rue89

On était parti voir « Underground » d'Emir Kusturica dans une salle de cinéma improvisée à 40 mètres sous terre, dans les anciennes carrières de Paris, mais la séance a dérivé vers une fête sauvage.

Minuit. La soirée commence dans le XIIIe arrondissement. « Sén », grand gaillard aux vêtements larges, bottes crasseuses, grosses lunettes de ski, bonnet péruvien et livreur dans une saladerie dans le civil, arrive avec trois quarts d'heure de retard.

Au détour d'une rue, il soulève une lourde plaque d'égout. « Traînez-pas, entrez vite. » Sous les yeux de passants ébahis, on est six à descendre. Une échelle de vingt mètres à nos pieds : l'un d'entre nous, pris de vertige, remonte à la surface. (Voir la vidéo)



En bas de l'échelle, la fraîcheur et les pénibles courants d'air de la surface laissent place à une température plus douce et un air sec. Silence et obscurité : on a l'impression de pénétrer dans un sanctuaire. A dix mètres de la sortie, un sac poubelle abrite des cadavres de bière. Règle d'or du « cataphile » : les souterrains de Paris ne sont pas un dépotoir.

On baisse la tête dans les couloirs pour éviter le plafond tantôt de pierre, tantôt de béton. On arrive à la « salle des carriers », une petite pièce où Sén dispose trois bougies et deux enceintes qui crachent du pop-rock depuis son iPhone.

« Si un mec veut creuser un passage, il le fait »

Au-dessus de nos têtes, on n'entend plus que le vrombissement lointain du métro. Deux graffeurs descendus pour « explorer » font une halte pour nous saluer. Le premier, casquette et sweat à capuche, désigne les lunettes et le bonnet de Sén, qu'il connaît « de vue ». « Lui, je l'appelle l'aviateur. »

Imaginez les souterrains de Paris comme une énorme entreprise. On se croise, on se recroise, on se reconnaît. Notre guide nuance :

« C'est l'anarchie. On ne se tape pas dessus mais si un mec veut faire quoi que ce soit, comme creuser un passage à tel ou tel endroit, il le fait. Peu importe ce qu'en pensent les autres. »

Au son de son téléphone branché à deux petits haut-parleurs, on reprend notre marche. (Voir la vidéo)



Départ vers un ancien bunker des PTT transformé en cinéma de fortune. On croise un cataphile en sens inverse. « Il est trop long ce film », soupire-t-il.

On arrive du mauvais côté, derrière le drap où le film est rétroprojeté. Détour impératif par des couloirs où l'on doit se courber et éviter des barres de fer horizontales au milieu d'un conduit.

via www.rue89.com

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