A Paris, les égoutiers meurent 17 ​​ans plus tôt que la moyenne, et en Inde les intouchables qui accomplissent les mêmes travaux… | Rue89

Les égoutiers parisiens vivent sept ans de moins que les autres ouvriers, soit dix-sept ans de moins que le reste de la population. Ce chiffre implacable est tiré d'une étude de l'Inserm et de la mairie de Paris parue en 2010. Depuis le début de l'année, il y a eu trois décès chez les égoutiers. Tous suite à un cancer. Le plus âgé avait 53 ans.

De quoi sont-ils morts ? L'étude n'est pas allée jusque là. « Elle montre très clairement une baisse de l'espérance de vie. Malheureusement nous n'avons eu ni les moyens ni le temps d'en rechercher les causes », regrette Hamzeh Alzabadi, assistant-professeur à l'Université An-Najah de Jérusalem-Ouest, un des auteurs.

Les risques, les égoutiers CGT on l'impression de les voir tous les jours. « Quand les potes nous quittent les uns après les autres on se dit qu'il y a un problème. » explique René Bellia, 51 ans, aux égouts depuis 1983 : « On se demande quand va venir notre tour. »

Problèmes de peau, de respiration et œdèmes oculaires

Des collègues, ils en ont tous vu partir, « à six mois de leur retraite, un an ou deux ans après », se désole Jean-Pierre Marin. A 30 ans, il a déjà connu « les problèmes de peau, de respiration et les œdèmes oculaires ».

Des maladies toutes liées, selon lui, à son métier et à ce qu'il respire dans les égouts. Claude Danglot, ancien médecin du travail auprès des égoutiers, tente, lui, depuis plus de vingt ans de montrer les dangers des émanations des égouts, et plus particulièrement la nocivité du sulfure d'hydrogène (H2S) sur les poumons des égoutiers. (Voir la vidéo)



Produit par les déchets humains et animaux, le sulfure d'hydrogène n'attaque pas que les poumons. On sait qu'il peut, à haute dose, conduire à des accidents cardio-vasculaires, des problèmes du tube digestif, d'où des diarrhées à répétition, selon une enquête conduite en 2004 par le Docteur Danglot pour le Service Médical de Paris.

Lors d'interventions, les égoutiers sont équipés d'un capteur qui les alerte dès que le seuil de tolérance de l'organisme est atteint. Ce seuil est passé de 10 particules par millions (ppm) à 5 ppm. A ce stade, trois à quinze minutes suffisent à faire perdre l'odorat, explique Claude Danglot :

« Cette baisse du seuil ne règle pas tout, ce n'est pas tant la quantité qui importe mais l'accumulation de sulfure d'hydrogène respirée année après année. »

« Difficile pour eux de se retourner contre l'administration »

« On ne sait pas ce qu'on ingurgite tous les jours, sur des mois, sur des années… qui enfin de compte font que notre espérance de vie réduit, à cause de ce gaz », s'indigne René Bellia.

« Cancer, cirrhose… les maladies mortelles ne se déclarent qu'en fin de carrière », constate Jean-Pierre Sanchez, 49 ans, égoutier principal depuis 1994. « Difficile alors pour les malades de se retourner contre l'administration ou de faire passer cela en maladie professionnelle. »

« L'administration ne sait pas trop comment gérer le problème », confie Elie Elkayam, égoutier principal, avant d'ajouter, « elle cherche à se débarrasser du problème en privatisant ».

Le nombre croissant

via www.rue89.com

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