Cristina Kirchner ou comment ne pas laisser les oligarchies et les plus riches décider et contrôler | Mediapart

Sur la Plaza Libertad, Maria-Eugenia sait que sa candidate
est quasiment assurée de rester à la Casa
Rosada
pour un second mandat (et un troisième pour les Kirchner, puisque
son mari Nestor exerça la magistrature suprême entre 2003 et 2007), mais cela
ne diminue pas son enthousiasme. Elle n'est pas venue pour une démonstration de
force ou pour rallier les indécis, elle a simplement parcouru 500 kilomètres
pour témoigner de son attachement aux Kirchner et à leur politique: «Je n'aurais pas imaginé être
ailleurs aujourd'hui. Nestor et Cristina ont fait renaître notre pays. Ils nous
ont redonné du travail et de l'espoir.»
Elle raconte que ses arrière-grands-parents ont immigré de France à une époque où l'Argentine évoquait l'eldorado d'une promesse de vie
meilleure pour des centaines de milliers de pauvres européens. «Ensuite, tout n'a fait que se détériorer
pendant des décennies: la politique, l'économie, les conditions de vie…
Les immigrés et leurs enfants regrettaient l'Europe. Mais aujourd'hui, pour la
première fois depuis le début du XXe siècle, les conditions sont de nouveau
bonnes pour nous les Argentins. Je suis heureuse que mon fils vive dans ce
pays!»

Le discours de Maria-Eugenia est clairement emphatique, mais
il est en phase avec celui des gens qui l'entourent. «Les Kirchner sont des révolutionnaires», assure
Maria-Sol, une étudiante de 25 ans, elle aussi venue sur la Plaza Libertad pour
la dernière soirée de campagne. «C'est
le meilleur gouvernement que nous ayons eu depuis des décennies. Pour la
première fois, les gens des classes moyennes et populaires sentent que les
choses vont mieux et que l'on se préoccupe d'eux, et non plus seulement des
riches.»
Les indicateurs économiques et sociaux ne disent pas autre
chose: les salaires réels ont augmenté, le chômage a baissé, l'endettement
est réduit, la croissance oscille entre 8% et 9% depuis 2004 (à l'exception de
2009). Mais aussi: de nouveaux programmes sociaux ont vu le jour, le coût
de l'énergie (subventionnée) reste bas, les militaires de la dictature se
retrouvent devant les tribunaux, les oligopoles médiatiques sont en voie de
démantèlement…

Et pourtant, la campagne présidentielle est ennuyeuse…
Paradoxe? Pas vraiment. Quand un mythe est en construction, mieux vaut
s'écarter. C'est exactement ce qui est en train de se passer en Argentine.
Après Juan et Evita Perón, Nestor et Cristina Kirchner? Le raccourci est
facile. Sans doute, mais il contient sa part de vérité.

«Dans l'imaginaire
et les récits français de l'Argentine contemporaine, on observe souvent la
description d'un pays qui se débat avec les démons de la dictature de 1976-83.
C'est de moins en moins vrai, car les Argentins ont vécu un autre
traumatisme auquel ils se réfèrent davantage aujourd'hui: celui de la
crise de 2001-2002»
, assure un diplomate hexagonal en poste à Buenos
Aires et qui, pour des raisons de discrétion, préfère rester anonyme. Cette
crise, qui a vu près de la moitié de la population basculer dans la pauvreté,
qui a provoqué des faillites en cascade puis qui, en raison de la dévaluation
de la monnaie, a fait partir en fumée les économies de la bourgeoisie, est le
prisme par lequel les Argentins observent leur histoire se dérouler.

via www.mediapart.fr

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