Mais une nouvelle fois, l'Europe est pris de court. Car ce n'est ni l'état de l'Espagne, qui a appliqué à la lettre toutes les exigences de marchés et coupé à la hache dans ses dépenses publiques, ni même la situation de l'Italie, endettée à hauteur de 1.840 milliards d'euros (120% de son PIB), qui sont réellement en cause. L'enjeu principal est le fonds européen de stabilité financière. «La préoccupation de savoir si ce nouveau fonds sera capable d'arrêter la contagion n'a pas disparu», expliquait un spécialiste obligataire de la Rabobank au Financial Times.
En autorisant ce fonds à acheter des titres sur le marché afin de soutenir les cours attaqués, les pays de la zone euro ont mis en marche une machine infernale, qu'il sera difficile de désamorcer. Dès son annonce, le système financier a bien compris l'avantage qu'il pourrait tirer de ce mécanisme: transférer à loisir tous ses risques vers le public. L'ennui, à ses yeux, est que les montants accordés au fonds par les pays de la zone euro n'ont pas été augmentés: ils ont été établis à 400 milliards d'euros l'an dernier. Et les deux tiers sont déjà mobilisés pour le sauvetage des trois premiers pays européens en crise.
N'étant pas à une contradiction près, tout en se récriant sur toutes les dépenses publiques, tout en jugeant insupportables les dépenses de retraite, de santé, d'éducation…, les acteurs de la sphère financière estiment que le fonds n'est pas suffisamment doté. «Le système financier européen ne peut pas supporter un défaut sur
la dette italienne. En cas de défiance des investisseurs envers
l'Italie, le mécanisme européen d'aide financière sera remis en cause.
La taille du fonds est insuffisante pour financer les besoins du pays», estime dans une note la maison de bourse Aurel BGC. Compte tenu des risques repérés, ils jugent qu'il faudrait le porter au moins à 2.000 milliards d'euros. Aux frais des contribuables européens, naturellement.
via www.mediapart.fr