Ils sont issus de plus de 50 pays différents. Ils ne sont pas nés en France, ni de parents français vivant en dehors du territoire national, et ont vécu de manière consciente, alors qu'ils étaient jeunes adultes ou plus tardivement, l'expérience de la migration.
Les uns se sont installés en France, où ils vivent, écrivent et publient en français : ce sont des figures d'« ancrage ». D'autres en sont repartis, soit vers d'autres pays soit vers leur pays dit d'origine : ce sont des figures de « passage ».
Ainsi, Alain Mabanckou, né au Congo-Brazzaville, vivant et écrivant en France pendant de longues années, est installé aux Etats-Unis. Mahi Binébine, après un long séjour en France et aux Etats-Unis, est rentré au Maroc, son pays natal. Mongo Beti, avant sa mort en 2001 à Douala, n'a cessé de faire le trajet entre son pays d'origine -le Cameroun- et la France.
Dans tous les cas, la France a exercé une nette influence sur leur carrière littéraire.
L'exil qui permet d'écrire et de créer
Au lieu d'insister sur le déracinement ou la perte de repères, le « Dictionnaire des “écrivains migrants” » considère la migration comme une source de créativité, un catalyseur de la création artistique et, plus spécifiquement, littéraire. Dans « Lettres parisiennes : autopsie de l'exil », Nancy Huston explique :
« [L']exil n'est que le fantasme qui nous permet de fonctionner, et notamment d'écrire. »
Andrée Chedid, pour sa part, avoue que son exil parisien lui garantit la distanciation et l'indépendance nécessaires à la création.
Le champ littéraire français a souvent distingué ces auteurs, par l'attribution de prix importants, comme le Goncourt à Atiq Rahimi ou le Femina à Dai Sijie et François Cheng. L'attribution du prix Nobel à Gao Xingjian témoigne à elle seule de la répercussion internationale que peut avoir l'œuvre d'un migrant passé par la France.
Rousseau, Zola, Apollinaire, Ionesco intégrés au corpus national
via www.rue89.com