"Marine le Pen le répète en boucle depuis un mois : les non-musulmans ne peuvent pas toucher de la viande halal. Depuis plusieurs semaines, la candidate à la présidence du Front national se fait exégète du Coran : à l’en croire, les boucheries et abattoirs halal ne peuvent employer que des salariés musulmans, une discrimination qui rend scandaleuse les aides publiques. A la base de son courroux, un projet de subvention de la communauté d’agglomération de Carvin (Pas-de-Calais) à une supérette-boucherie halal qui prévoit de s’agrandir en un petit supermarché. Le 8 novembre, en commission du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Marine Le Pen s’indigne : «On nous évoque pour justifier cette aide la création de 29 emplois, très bien. Mais 29 emplois sur le fondement d’une discrimination religieuse puisque ces emplois ne peuvent être que des emplois d’employés qui devraient être eux-mêmes musulmans. Puisque dans une boucherie halal ne peuvent travailler que des gens qui sont musulmans sous peine de rendre la viande halal impure à la consommation par les musulmans. Ça veut donc dire qu’on participe donc à une discrimination à l’embauche.»
"Quatre jours après sa promesse de courrier, la Grande Mosquée de Paris n’avait toujours rien reçu. En revanche, la réponse se tient prête, comme nous l’explique un théologien de la mosquée : «Ce qu’elle dit est inexact : c’est le rituel de l’abattage qui confère sa qualité halal à la viande. Pour cette raison, le sacrificateur doit être musulman et agréé par la mosquée de Paris, d’Evry ou Lyon. Le reste n’est que de la… littérature.»C’est poliment dit. Confirmation du président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui : «Le sacrificateur doit être musulman mais tous les autres opérateurs de la chaîne, pour la découpe, le dépeçage, la livraison, peuvent évidemment être non-musulmans. Les produits halal ne doivent pas être en contact avec de la viande qui ne l’est pas. Mais la question de la manipulation par le personnel, elle, est sans objet.»