Ces 5 dernières
années, des églises ont été incendiées,
pour la plupart en Bretagne. Le phénomène est limité,
impressionnant pour celles et ceux qui fréquent ces lieux, et
en apparence paradoxal, puisque la déchristianisation est
aussi fondée sur une indifférence des sujets vivants et
pensants au christianisme. Mais la Bretagne est une région
très particulière en France, au sein de laquelle les
chrétiens sont plus pratiquants que dans le reste de la
France, l’Eglise continue d’être plus présente
qu’ailleurs. Trois jeunes hommes viennent d’être arrêtés
pour 9 sinistres, qu’ils ont reconnu, et qu’ils ont justifié
par le fait que «la religion chrétienne avait selon
eux étouffé les cultes païens originels et
anciens». Selon la procureure
de la République de Quimper, «Ils estiment
que trop d’attention et d’intérêt sont accordés
aux édifices catholiques et chrétiens, et qu’il est
anormal qu’on ne s’intéresse pas davantage aux sites qui
sont l’expression de cultures et de croyances traditionnelles de la
Bretagne, comme certains lieux de la forêt du Huelgoat ou les
alignements de Carnac.». «Ils se veulent seulement
des défenseurs du paganisme celte et du druidisme, sans pour
autant pratiquer des rituels, précise Anne
Kayanakis. Ils se contentaient de se retrouver de temps en temps
la nuit sur certains sites pour écouter leur musique.»
Ces destructions sont dommageables
pour tous : pour les chrétiens qui perdent leurs lieux de
culte, pour ces jeunes qui, en assumant leur responsabilité,
vont être jugés, emprisonnés, pour des mois et
sans doute quelques années. Ces destructions servent les
chrétiens qui, au cours de leur Histoire, violente, en ont
connu d’autres, parce qu’ils s’en sont servis et s’en serviront pour
se présenter comme des victimes, pour dénoncer dans ces
actions «la main du Diable», pour justifier que leur
prosélytisme continue et se renforce. Si ces jeunes ont
admirablement compris qu’il faut légitimement s’opposer
concrètement à l’influence chrétienne qui est si
virulente et si néfaste dans l’ensemble du monde habité, la méthode
utilisée est elle inefficace et contradictoire. Car ce n’est
pas en s’attaquant aux murs, aux vitraux, à la présence
chrétienne dans chaque village de France, que celles et ceux
qui sont encore sous sa coupe pourront couper les liens avec la
puissance tutélaire romaine. Le catholicisme, au sein des
christianismes, comme les Islams, s’appuie sur un texte, des textes
et sur la satisfaction de besoins fondamentaux des vies individuelles
et collectives, à des moments importants de la vie, la venue
d’un enfant, le décès d’une personne chère, le
choix d’union entre un homme et une femme. Une véritable
réponse critique, active, au et contre le christianisme, doit
agir sur le même terrain, celui des références et
des convictions, ainsi que sur celui des pratiques solennelles. Les jeunes et moins jeunes qui, consciemment, ont choisi de ne pas et de ne plus être chrétiens, s’ils ont été baptisés sans leur consentement (ce qui est le cas le plus fréquent), s’ils ont dû suivre un infernal catéchisme, s’ils ont appris, depuis, que "l’histoire de Jésus" n’est fondée sur aucun fait historique universellement et scientifiquement établi et reconnu, que son histoire est une traduction sémite de mythes et de légendes, mésopotamiens, égyptiens et grecs, que l’Histoire de l’Eglise fut celle de l’intolérance contre la tolérance polythéiste et païenne, ne doivent pas offrir et tendre le bâton avec lequel ils vont se faire battre, mais doivent, pratiquement, intellectuellement et spirituellement, agir.
A voir, absolument, la série qui commence par la vidéo ci-dessous :
S’attaquer aux lieux de culte construits avant 1905 c’est s’attaquer à la République, puisque ces lieux lui appartiennent, qu’elle doit en assurer l’entretien et les laisser à la disposition des organisations cultuelles qui le désirent. Autre problème: quid des cultes antérieurs au christianisme. Enfin notre civilisation judéo-christo-musulmane nous a légué un texte qui demeure une référence: les dix commandements que nous respectons tous plus ou moins et qui à mon avis ont une valeur universelle.
Pourquoi le fait que les lieux de culte « construits avant 1905 » seraient-ils intrinsèquement liés à la République ? Une chose relie directement ces lieux à la République, et une seule – enfin, en théorie « laïque » : les lois, celle de 1905, mais aussi celle qui concerne la propriété, la dégradation de biens, … Cette loi de 1905 est, à la réflexion, trop leu laïque, car l’entretien de ces lieux est aux frais de la République, des mairies, pour les laisser aux « organisations cultuelles ». Organisation « cultuelle » : manière de désigner ce type d’organisation, pour ma part, j’utilise le terme de secte. Des sectes « light », mais des sectes tout de même : obéissance aveugle à « un » chef ou des chefs, croyance à une vérité « révélée » privatisée qui exige la médiation des clercs pour que les « fidèles », les « croyants » puissent avoir accès à (Dieu, …), corps de principes, de « dogmes », contradictoires, irrationnels, …
Quant à cette table de la Loi, avec ses dix commandements, est-ce un hasard si l’interdit de meurtre a été énoncé dans une région du monde dans laquelle on tue et on est tué si facilement, de cette époque à nos jours; est-ce un hasard si « l’Eglise » a si peu écouté cette supposée « vox Déi », en assassinant ou faisant assassiner à tour de bras tout au long de son Histoire ? Dans nos pays, elle a perdu les pouvoirs politiques et militaires, et grâce à cela, nous en sommes protégés. Sinon, avec un Cardinal Ratzinger à sa tête, nous aurions de quoi nous inquiéter.