Comment un sondage truqué commandé par la CGPME s’en prend aux chômeurs – Libération

Quatre milliards d’euros de déficit, près de 20 milliards de dette cumulée… le régime d’assurance chômage en France n’est pas au mieux. Le résultat de la crise économique, qui conduit aujourd’hui plus de 3 millions de personnes à être privées d’emploi (5 millions en comptant les chômeurs ayant exercé une activité réduite). La conséquence de la crise, vraiment ? Et si finalement, les chômeurs ne l’étaient pas aussi, pour une bonne part, à cause de leur «paresse». Autrement dit, incités par un régime d’assurance chômage trop généreux, à préférer l’oisiveté plutôt que le retour à l’emploi. Cette petite musique de fond, distillée depuis plusieurs années, notamment depuis l’ère Sarkozy sous le label «assistanat», revient en force au moment où se renégocie, depuis deux semaines, la convention Unedic. Et pour l’alimenter, rien de mieux qu’un sondage d’opinion, aux questions quelque peu orientées. A cet égard, l’enquête BVA pour I-Télé et le Parisien publié samedi est un modèle du genre. Et pour cause, les questions posées sont directement inspirées par  l’organisation patronale CGPME. Décryptage.

L’assurance-chômage, un sujet prioritaire ou important ?

En préambule des mesures testées, on découvre que «revoir l’indemnisation des chômeurs est une réforme» jugée «prioritaire» par 34% des personnes interrogées, «importante mais pas prioritaire» pour la majorité (48%), et «secondaire» par 18% des autres. Au final, nous dit BVA : «Sans être leur priorité absolue, la réforme de l’indemnisation chômage constitue un enjeu important pour huit Français sur dix (82%)». On pourrait également prendre les résultats dans l’autre sens et en conclure que «tout en étant considérée comme importante, cette réforme n’est pas jugée prioritaire par les deux tiers des Français (64%)». Même parmi les sympathisants de droite, le caractère «prioritaire» de la réforme n’est pas majoritaire (44%). Le sondage perdait néanmoins de son intérêt. Epousons donc la conclusion de BVA sur l’importance de la réforme, et donc de cette enquête.

Des indemnités plafonnées?

Première «mesure choc d’économie», suggérée, comme les autres, par la CGPME : «Ouvrir une possibilité de plafonner volontairement l’indemnisation (qui peut aujourd’hui atteindre plus de 6 000 euros mensuels) en échange d’une baisse de cotisation». La question de cette indemnité plafond de 6 950 euros brut par mois (en 2012) n’est pas nouvelle dans le débat public. Depuis plusieurs années, d’aucuns suggèrent que ce plafond est trop élevé. Rappelons tout d’abord qu’il constitue, au mieux, 57% de l’ancien salaire, et surtout 0,06 % des personnes indemnisées en France (1 400 personnes)… Autre problème : cette mesure serait tout, sauf une économie. En effet, d’une manière générale, les cadres utilisent 18% du montant total des indemnités chômage, mais apportent 30% des cotisations… Ils contribuent en effet pour les autres catégories, et notamment pour les employés, qui consomment 30% des allocations, alors qu’ils n’apportent que 21% des ressources. Bref, répondre «oui» à cette question aurait plutôt comme conséquence de plomber les comptes de l’Unedic, et non pas de réaliser une «économie». L’explication, évidemment, n’est pas énoncée avant de poser la question.

Radier automatiquement après deux offres refusées ?

Seconde mesure d’économie testée, pour laquelle 64% des Français seraient «favorables»: «Radier automatiquement les chômeurs qui refusent plus de deux offres raisonnables d’emploi». Problème pour cette question : cette disposition est déjà en vigueur… Ainsi, le «refus à deux reprises sans motif légi

via www.liberation.fr

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