Avec cette droite-extrême droite, le concours du "vrai et meilleur français" est ouvert, avec insistance depuis 2007, par un fils de Hongrois. Curieux destin que celui d'un Maurras qui fut en son temps le chantre d'une telle "identité français" et qui, par soumission active au nazisme en France, sera dégradé de sa nationalité ! Et si le boomerang lancé revenait dans le visage de celui qui prétend être le plus puissant et le meilleur des Français ? C'est ce que suggère Philippe Boggio.
"Car
le chef de l’Etat ne vient pas moins que de définir deux catégories de
Français. Les Français français. Et les Français d’origine étrangère, lesquels
seraient soumis à des obligations plus contraignantes que les premiers.
«La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne
d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un
fonctionnaire de police, d’un militaire de la gendarmerie (…)», a
déclaré, le 30 juillet, le président de la République, en installant le nouveau
préfet de l’Isère. Bien
sûr, vendredi, l’été politique, ce mois d’août de la vacance, avait déjà
virtuellement commencé. D’abord, les élus, les observateurs n’ont pas trop
réagi. Nicolas Sarkozy et certains membres du gouvernement les ont habitués à
chasser sur les terres du Front national, selon la formule usuelle, sur le
chapitre sécuritaire, et, à force, ils n’y prêtent pas toujours attention.
C’est à peu près tous les jours, ces temps-ci. La même semaine, c’était au tour
des «gens du voyage» d’être désignés à la peur des braves gens, et
ce, depuis l’Elysée-même. «Discours usé», a d’abord répondu Benoit
Hamon, le porte-parole du PS. «M. Le Pen et sa fille n’ont plus besoin de
parler, a poursuivi Noël Mamère (les Verts), la copie parle à leur
place». Pourtant,
l’affaire est grave, et normalement, hors somnolence estivale, elle pourrait
même valoir poursuites en justice au contrevenant. Le premier magistrat du
pays, gardien de notre démocratie et des règles républicaines, ne vient rien de
moins que de contester le socle même de notre loi de commune appartenance. La
base sacrée, forgée à la Libération, entre la Charte du Conseil National de la
Résistance (CNR), la Déclaration des Droits de l’Homme de 1948 et la
Constitution de 1958. Le CNR proclamait «l’égalité absolue de tous les
citoyens devant la loi». Oui, mais si nous ne sommes plus citoyens de
même valeur? S’il existe des grades dans la nationalité française?
S’il nous faut refaire le chemin jusqu’au premier Français légitime de
l’Histoire –sous Clovis?– pour déterminer qui est illégitime? Jusqu’alors,
les Français sont tous Français. En bloc. Incolores. Non différenciables. Il
est même interdit, dans ce pays, de produire des statistiques sur les origines
des Français. Depuis la guerre, depuis que le régime de Vichy a arraché leur
citoyenneté à des milliers de personnes, juives en majorité, depuis que la
mémoire collective porte cette honte, de naissance ou de circonstances, nous
sommes tous Français. Point. Français, c’est tout. Français
d’un coup. Non à l’essai, probatoires ou, comme le dit Jean-Luc Mélenchon,
président du parti de gauche, «Français conditionnels». Il n’existe
pas, pour la loi, de Français de fraîche date. Ou alors, la loi est illégale. Qui peut-on renvoyer?