Comment circulent les révolutions – Page 1 | Mediapart

Les événements de Tunis ou du Caire ont réactivé l’usage politique du terme de « révolution », détourné et galvaudé, à l’Est, par les dictatures issues de l’utopie communiste et réduit, à l’Ouest, à une imagerie publicitaire ou un slogan consensuel célébrant la « bonne révolution » de 1789, en occultant la part de violence et de radicalité que tout bouleversement de l’ordre du monde à la fois contient et engendre. 

Or, « les révolutions sont connectées entre elles, dans l’espace, dans le temps : par les hommes, les objets, les lieux ; par les projets dont elles héritent et qu’elles inspirent ; enfin par un faisceau de symboles, d’images, de textes, de gestes et de codes, mobilisés et constamment réinterprétés par les acteurs qui, ainsi, n’ont de cesse de citer les révolutions passées ou contemporaines à mesure qu’ils font la leur ».

C’est la thèse principale d’un collectif d’historiens, auteurs d’un livre intitulé Révolutions, quand les peuples font l’histoire, édité chez Belin. Ce récit en images d’une longue séquence révolutionnaire (de l’Angleterre du XVIIe siècle aux printemps arabes) fait la part belle aux soulèvements européens du XIXe siècle comme aux révolutions plus hétérogènes du XXe siècle, dont « l’éclatement, tant idéologique que géographique, tranche avec la plus grande cohérence du projet révolutionnaire au XIXe siècle ».

Pour les auteurs, « à cette opposition font écho les mémoires très différentes de ces deux siècles révolutionnaires : celle du XIXe est très positive, bien que se réveillent périodiquement les anathèmes contre la Révolution française, 1793 surtout. Au contraire, la mémoire des révolutions du XXe siècle est éminemment polémique et les systèmes politiques autoritaires et répressifs discréditent bien souvent les moments révolutionnaires dont ils sont issus ».

La prise de la Bastille le 14 juillet 1789 et l'arrestation du gouverneur de LaunayLa prise de la Bastille le 14 juillet 1789 et l'arrestation du gouverneur de Launay

L’ouvrage déroule, chronologiquement, les images et les principales étapes des différents moments où les peuples se sont soulevés. S’il s’agit essentiellement d’un travail de synthèse dont l’originalité réside d’abord dans l’iconographie, le livre articule deux éléments intéressants : un souci d’évoquer des insurrections souvent négligées par la grande geste révolutionnaire et une attention à ce qui circule d’une révolution à l’autre.

via www.mediapart.fr

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