Christine Lagarde a menti devant la CJR – Page 1 | Mediapart

Mediapart a pu prendre connaissance de la totalité de l’audition. Et les propos de Christine Lagarde sont encore plus stupéfiants que l’on pouvait jusqu’à présent le penser. Car si la patronne du FMI met en cause, sans beaucoup d’élégance, son principal collaborateur de l’époque, et se défausse de ses propres responsabilités, elle le fait en usant de nombreux mensonges. Et plus généralement, ses explications apparaissent souvent confuses : en réponse aux questions méticuleuses des magistrats, Christine Lagarde botte perpétuellement en touche, affirme qu’elle n’était pas au courant, qu’elle n’avait pas été tenue informée, au point qu’on en vient presque à se demander si c’était bien elle qui était ministre des finances. On découvre aussi à cette occasion que la police judiciaire a saisi une note de l’avocat de Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne, qui aurait pu servir d’argumentaire pour Christine Lagarde avant une audition devant la commission des finances de l’Assemblée nationale.

Ainsi la ministre des finances, Christine Lagarde, publie-t-elle le 11 juillet 2008 un premier communiqué dans lequel elle annonce la sentence des trois arbitres dans des termes qui, avec le recul, laissent pantois. « Cet arbitrage, rendu par des personnalités incontestables, avait été engagé par les parties pour mettre un terme définitif à des procédures contentieuses ouvertes depuis presque quinze ans. La plus grande part de l'indemnité arrêtée par la sentence retournera aux caisses publiques, par le règlement de la créance détenue par le CDR et par le paiement des impôts et des cotisations sociales qui étaient dus à l'État. » Mais pourquoi la ministre tient-elle des propos aussi élogieux à l’égard des arbitres ? Pourquoi suggère-t-elle que Bernard Tapie n’y gagnera que très peu ? Et pourquoi surtout suggère-t-elle du même coup que l’examen d’un possible recours contre la sentence n’est pas même à l’étude ?

Réponse pour le moins étonnante de Christine Lagarde devant les magistrats : « Ce communiqué ne m'a pas été soumis avant sa parution. »

Ainsi l’Agence des participations de l’État (APE) lui adresse-t-elle peu après une note en date du 23 juillet 2008. Cette note revêt une grande importance car la sentence controversée en faveur de Bernard Tapie a été rendue seize jours plus tôt et l’État doit décider s’il introduit ou non un recours contre la décision des trois arbitres. Or, cette note de l’APE précise que si un premier avocat consulté par Bercy a estimé qu’un recours du Consortium de réalisation (CDR – la structure publique de défaisance de l’ex-Crédit lyonnais qui est opposée à Bernard Tapie) n’avait aucune chance de prospérer, un second avocat, Me Benoît Soltner, a la conviction strictement opposée et le dit de manière énergique. La note de l’APE cite ainsi la conclusion de l’avocat : « Le CDR dispose d'un moyen d'annulation qui peut être qualifié de sérieux qui pourrait d'autant plus emporter la conviction d'un collège de magistrats que l'on est en présence d'une atteinte à l'autorité de la chose jugée par la plus haute autorité judiciaire. »

via www.mediapart.fr

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