L’émission « Carrément Brunet » du 20 juillet 2012 restera sans doute comme un modèle du genre. Éric Brunet, de bout en bout, s’est comporté en attaché de presse de la famille Peugeot. Mais plutôt que de démonter son « argumentaire », c’est la construction de cette émission qui retiendra notre attention. C’est, en effet, un exemple exemplaire des méthodes de propagande, parées des vertus du « débat », qui font l’ordinaire des séances quotidienne de « Carrément Brunet ».
I. Un scénario soigneusement élaboré
Ce jour-là, le scénario de l’émission est conforme à ce qu’il est habituellement. Il s’ouvre sur un prologue de Brunet. Qu’on se le dise, puisque ce dernier le dit : « Arnaud Montebourg a été insultant avec la famille Peugeot ». Extrait :
« Je ne sais pas ce que vous en pensez, les amis, mais je trouve qu’Arnaud Montebourg et le gouvernement socialiste sont particulièrement arrogants avec le groupe Peugeot. Cette façon de… de convoquer au ministère, pour une explication à bâtons rompus, ces industriels qui ont participé à l’histoire automobile de notre pays me semble… heu… un tout p’tit peu hors de propos. Oui, les Peugeot sont des gens respectables. […] Bien sûr, Peugeot souffre. Mais, justement, Peugeot a besoin d’aide, et Peugeot n’a pas besoin d’être humiliée, désignée, montrée du doigt, comme le fait en ce moment Arnaud Montebourg. Ces rodomontades, cette façon de se frapper la poitrine, en disant : “Vous allez voir c’que vous allez voir, je vais les mettre à genoux”, est tout à fait in-sul-tante à l’endroit des Peugeot. Alors on parle des millions de la famille Peugeot, mais dans aucun autre pays au monde on ne s’offusquerait de cela ! C’est une grande famille d’industriels qui n’a pas volé son argent, qui a su prendre des risques et qui a su, aussi, être solidaire à des moments difficiles. Quel journaliste rappelle que, lors de l’exercice 2009 ou lors de l’exercice 2010, alors que les affaires allaient plutôt mal, eh bien la famille Peugeot a dit à deux reprises : “PAS de dividendes, nous ne prendrons pas de dividendes, car les affaires ne sont pas florissantes…” ? Oui, je le dis bien fort à ce micro, la famille Peugeot est exemplaire, et je le dis bien fort à ce micro : Montebourg et Ayrault les ont humiliés publiquement, et ça n’est pas ainsi qu’on traite des industriels ! […] Je trouve qu’Arnaud Montebourg a été insultant avec la famille Peugeot. »
Si vous ne croyez pas ce que vous lisez, écoutez la version intégrale :
- Brunet-prologue.mp3
La suite de l’émission, comme à l’accoutumée, fait alterner les interventions des auditeurs (ou les prises de position enregistrées), les tirades de relance de Brunet et les résultats du vote des auditeurs, mesurés par un outil pompeusement nommé « le Brunetmétrie » : lesdits auditeurs sont invités à se prononcer sur la question du jour : « Oui ou non, Arnaud Montebourg a-t-il été insultant ? »
Le dispositif de l’émission, scandée par les interventions de Brunet, la met entièrement au service du maître de
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