Ni apéritif ni entrée, on passe directement au plat de résistance. Bavette pour le Séquano-Dionysien, tartare de bœuf pour le Saône-et-Loirien. Et défense du collège pour les deux, l'une des principales prérogatives des départements. Le local attaque fort, chiffres à l'appui :
« L'année prochaine, on attend 1 000 collégiens supplémentaires et on nous supprime 40 postes, alors qu'aujourd'hui, sur le brevet, on est dix points en dessous de la moyenne nationale. »
Arnaud Montebourg acquiesce en se réajustant la cravate, qu'il est le seul à porter avec son collègue de l'Assemblée nationale :
« Nous, c'est pareil, on nous supprime les bureaux de poste, les médecins, les maternités… »
« C'est lié à la personnalité de Dominique Voynet »
Les plats arrivent en même temps que le mauvais quart d'heure de Dominique Voynet. Que vient faire la sénatrice-maire écologiste de Montreuil dans les discussions ? Elle est l'anti-symbole de l'union de la gauche prônée par les deux hommes.
Elue en 2008 à la tête de la seule ville de plus de 100 000 habitants détenue par Europe Ecologie – Les Verts, grâce à une alliance avec des socialistes dissidents, elle a retiré en 2010 les délégations accordées à ces derniers, pour avoir protesté contre la hausse des impôts locaux qu'elle a instaurée.
Arnaud Montebourg est désolé, mais pas étonné :
« C'est lié à sa personnalité. Elle a fait la même chose à Dole, dans le Jura, où elle était élue avant. Elle a réussi à en faire un fief de droite ! »
« Joker », objecte Claude Bartolone quand on lui demande de se prononcer sur Dominique Voynet. Tout juste maugrée-t-il : « J'en ai pour trois heures sinon… Quel gâchis humain… » Mouna Viprey, qui fait partie des élus punis, se montre un peu plus prolixe :
« Il y a un accord Verts/PS pour les cantonales partout dans le département, sauf à Montreuil et à Aulnay. Rien ne dit que Dominique Voynet soutiendra Manuel Martinez s'il est au second tour, vu comme elle nous tape dessus au conseil municipal… »
« Une politique sarkozyste par procuration »
Arnaud Montebourg a saucé son assiette et avale des morceaux de pain, mais pas ses mots. Il vise plus haut et cible maintenant Nicolas Sarkozy. En cause, la situation de quasi faillite provoquée par les lois de décentralisation et dénoncée par nombre d'exécutifs locaux. Il peste contre le gouvernement qui transfert les compétences, mais pas les ressources correspondantes :
« L'Etat doit 162 millions d'euros à mon conseil général. J'en ai déjà récupéré neuf. C'est une véritable bataille judiciaire. En attendant, j'ai été obligé de diminuer les dépenses de 10% et d'augmenter les impôts de 13% pour ne pas faire faillite. J'ai dû taper dans la culture, l'agriculture… L'Etat nous contraint à mener une politique sarkozyste par procuration.
C'est la stratégie de Nicolas Sarkozy et du gouvernement : ils veulent nous faire financer avec des augmentations d'impôts locaux, qui nous rendrons impopulaires, des politiques nationales qu'ils ne peuvent assumer à cause des cadeaux fiscaux faits aux plus riches. »
Dans son viseur également : les banques. Celui qui prône leur « mise sous tutelle » s'est réjoui de l'anecdote de Claude Bartolone : il a réclamé et obtenu trois millions d'euros de la BNP, le plus gros employeur
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