« Burn out », tous condamnés à souffrir en silence ?

Le surmenage professionnel bouscule la vie privée et menace l'équilibre psychologique. Pourtant, n'est-ce pas là la conséquence d'un « management presse-citron » qui s'impose à toutes les échelles de l'entreprise ? Dès lors, comment rompre avec cette spirale infernale ? Témoignages de travailleurs débordés et de spécialistes de ces situations à risque.

Vingt-deux heures, un soir de semaine sur le parvis de la défense, les derniers salariés se précipitent anxieusement vers la bouche du métro. Au milieu de cet empire du travail, des bureaux restent illuminés, ici solitaires et éparpillés, là bas regroupés, étages élevés des responsabilités et du travail débridé. A cette heure tardive, il est difficile d'interroger ces hommes pressés sur les conditions de travail des cadres, elles sont peu à se livrer sur le stress et l'impact sur la vie personnelle des horaires à rallonge.

Évoquez les 35 heures, et vous ne recueillerez que sourires amusés ou sarcasmes amères. En France, selon l'Institut supérieur du travail, les cadres travaillent en moyenne 48 heures par semaine. D'après une enquête de la CFDT-Cadre de janvier 2013, près d'un cadre sur quatre (24%) déclarait travailler plus de dix heures par jour, et environ les deux tiers des cadres jugeaint l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée « globalement insatisfaisant ».

Pensée pour assurer la flexibilité du travail dans des conditions exceptionnelles, la surcharge de travail des cadres se généralise dans la banalité de la crise, transformant les salariés en forcenés du travail, mi-soumis, mi-ambitieux dans l'espoir de lendemains plus confortables.

Pour Matthieu, diplômé d'école de commerce et apprenti analyste financier : « Un stagiaire ne peut légalement dépasser les 35 heures par semaine, mais les managers nous mettent la pression pour voir notre capacité à encaisser le stress et des horaires importants. Il faut être fort psychologiquement et capable de faire des sacrifices pour son travail, c'est ce que veulent voir les employeurs durant le stage, ça évite aussi les problèmes plus tard en écartant les moins solides… »

Un « management presse-citron »

Une étude du cabinet Technologia publié le 22 janvier 2014, affirme que 12,6% des travailleurs intérogés encouraient un risque de burn out selon les critères du cabinet, un taux grimpant à 19% chez les cadres, dirigeant et libéraux, atteignant même 23,5% chez les agriculteurs. Le cabinet indique qu' « un groupe de travail sur les pathologies professionnelles, mandaté par le Conseil d’orientation des conditions de travail (COCT), situe le burn out à la frontière de trois pathologies précises, la dépression d’épuisement professionnel, l’état de stress répétés conduisant à une situation traumatique et l’anxiété généralisée. »

Le cabinet technologia a ainsi lancé un appel aux côtés de médecins, syndicalistes et travailleurs pour « la reconnaissance du syndrome d'épuisement au tableau des maladies professionnelles », comme c'est déjà le cas dans certains pays européens. Néanmoins, le phénomène est toujours à l'étude, afin d'en définir des critères peut-être plus stricts que ceux proposés par le cabinet Technologia, dont une partie du business repose sur le conseil aux entreprises sur ce genre de situation à risque.

Pour Sté

via blogs.mediapart.fr

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