Avec Christophe Meierhans, Happening à la gloire d’une démocratie où les élections ont disparu – Page 1 | Mediapart

« Je me suis mis à inventer sauvagement des institutions, des systèmes, des procédures, en allant braconner un peu partout, sur des sites internet spécialisés et dans des livres de science politique… J'ai surtout fait attention à ne pas coller à une seule école de pensée, ça emprunte à droite et à gauche et certaines idées sont totalement fantaisistes, comme la 'décision pentatonique', que je présente dans le spectacle… », raconte l'artiste.

Pendant plusieurs mois, Meierhans, qui vit à Bruxelles, a confronté ses trouvailles à un collectif de quatre « conseillers » – des politologues et juristes belges de premier plan, qui ont amélioré, rejeté ou adapté ses propositions. « Chaque séance avec eux était une répétition des performances en public », se souvient-il. Tout cela a débouché sur l'écriture d'une constitution en bonne et due forme, qui deviendra le script théâtral d'un des spectacles de science-fiction les plus originaux du moment, découvert au Kunstenfestival de Bruxelles en mai dernier, et programmé, entre le 19 et le 21 septembre, au théâtre de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Sous ce régime imaginaire, les élections ont disparu. À la place, des techniques sophistiquées de « disqualification » sont en vigueur. « La gestion de biens communs incombe aux citoyens qui se dévouent pour en assumer la charge », lit-on dans la constitution. À tout moment, lorsqu'un citoyen ne se retrouve plus dans l'action d'un « chargé de bien commun » (équivalent d'un ministre), il peut exprimer un « vote disqualificatoire » à son encontre.

Une fois qu'un « chargé de bien commun » a atteint un certain « taux disqualificatoire » (en accumulant des votes contre lui), il doit démissionner. Mais tout citoyen ne peut exercer ce droit de vote « disqualificatoire » qu'une fois par an, à l'encontre d'un seul « ministre ». Et ce vote « disqualificatoire », parce qu'il est « constructif », doit être assorti d'une « proposition citoyenne », qui serait une alternative à la politique menée par l'actuel chargé de bien commun.

Lorsqu'un chargé de bien commun démissionne, des citoyens désignés par tirage au sort, soumis au « service démocratique », se réunissent pour évaluer les propositions citoyennes de tous ceux qui ont voté contre, selon une mécanique assez complexe de classement (publié en continu). En bout de course, la « proposition citoyenne » retenue deviendra le mandat impératif du prochain chargé de bien commun.  

Christophe Meierhans. Some use for your broken clay pots. © Sébastien de Ville de Goyet.Christophe Meierhans. Some use for your broken clay pots. © Sébastien de Ville de Goyet.

Mais comment désigner ce responsable, en l'absence d'élections ? C'est ici qu'intervient le « pool de qualification », « une réserve démocratique de candidats pour pourvoir aux postes vacants de chargés de bien commun », là encore tirés au sort parmi l'ensemble des citoyens. Ils sont désignés pour trois ans, rémunérés à mi-temps et leurs débats sont publics. Précision : tout citoyen a le droit de « s'autodisqualifier »

via www.mediapart.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x