(De Bayonne) Une soixantaine de militants basques sont parvenus à mettre en déroute sept policiers français antiterroristes, ce mardi après-midi à Bayonne. Encagoulés, ils étaient venus arrêter Aurore Martin, ex-dirigeante du parti basque Batasuna de nationalité française, sortie de clandestinité le 18 juin.
La jeune femme fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen émis par l'Espagne et validé par la justice française. La justice espagnole lui reproche des articles d'opinion écrits en français, des conférences de presse et des activités publiques menées sur les territoires espagnol et français. Des activités illégales en Espagne, où le parti indépendantiste a été déclaré hors-la-loi en 2003 pour ses liens supposés avec ETA.
En début d'après-midi, sept policiers de la Sous-direction antiterroriste (SDAT) se présentent pour arrêter l'ancienne dirigeante de Batasuna. Garés rue des Basques dans la vieille ville, ils montent les trois étages jusqu'à l'appartement de la sœur d'Aurore Martin où se trouve celle-ci, et défoncent au bélier la porte d'entrée.
La police fait marche arrière, sans Aurore Martin
La militante a le temps de prévenir un réseau d'une soixantaine de militants qui accourent aussitôt. Alors qu'ils détiennent Aurore Martin, les policiers se retrouvent bloqués par les militants dans la cage d'escalier du vieil immeuble bayonnais. « La situation aurait pu dégénérer facilement », raconte Aurore Martin à Rue89.
Après quelques échauffourées, un militant prévient, en hurlant, à l'adresse des forces de l'ordre : « S'il y a le moindre incident, vous serez responsables. »
Les policiers font marche arrière avec leurs cagoules et leur équipement, mais sans Aurore Martin. L'opération a été stoppée au motif de trouble à l'ordre public, a déclaré à l'AFP un responsable policier sans donner d'autres précisions.
Les personnes qui se sont interposées rue des Basques n'ont pas vraiment
le profil de « dangereux terroristes » : peu sont de Batasuna mais
tous se disent scandalisés par la mesure prononcée contre la militante.La nouvelle se répand vite : une demi-heure plus tard, environ 200 personnes rejoignent Aurore Martin place Saint-André, au bar Les Pyrénées.
A 18 heures, elle est toujours entourée d'un collectif de soutien spontané. Des camions de CRS attendent à proximité, mais une arrestation paraît dans l'immédiat difficile.
La France a « la volonté de museler les opposants politiques »
via www.rue89.com