Arrêt sur images – « La radio était si populaire que la CGT avait arrêté les tracts »

Il n’y a pas que l’éco dans la vie, il y a l’écho aussi. Nous venions de terminer l’émission avec Stéphane Soumier, une mise à nu de la pensée libérale, je cherchais désespérément le meilleur titre possible pour l’émission et l’expression mythe ouvrier s’imposait à moi, moi petite fille rangée dans la case des rêveuses – voyons Anne-Sophie tu ne crois pas au progrès, ton vieux monde est mort, rien ne sert de lutter – quand Daniel me tend un coffret rouge pétant : "Tiens, je viens de recevoir ça, tu regardes ce week-end ?" Pétant comme un morceau de chiffon rouge plutôt car c’est le titre de l’objet en question.

 

 

 

Ce coffret couve une histoire qui m’était inconnue, celle de Radio Lorraine Cœur d’acier.

Nous sommes en 1979 et la CGT décide d’installer à Longwy une radio de lutte totalement interdite (pirate si vous préférez). Le secteur de la sidérurgie est alors en ébullition. Il s’effondre depuis plusieurs années déjà mais un projet européen – dit plan Davignon – menace directement des milliers d’emplois. Le 23 mars 1979, une grande manifestation des sidérurgistes est prévue à Paris.

La radio émet pour la première fois six jours auparavant, pour mobiliser les troupes. On installe les bureaux dans le local de la mairie désaffectée et on fixe l’émetteur en haut du clocher de l’église.

Deux journalistes sont recrutés – Marcel Trillat et Jacques Dupont – mais très vite des syndicalistes et des journalistes venus d’ailleurs prennent le micro.

Très vite aussi la radio devient beaucoup plus qu’une voix de mobilisation : une voix de la crise, une voix de lutte qui durera près de deux ans. Elle devient également une des premières radios qui brisent le monopole d’État.

Elle devient surtout un média dont s’empare la population de Longwy pour débattre des enjeux de société, de l’avortement à l’immigration, un média qui se tourne également vers la critique des médias, revues de presse à l’appui.

LCA

L’écho. Dans le coffret rouge on trouve un film documentaire sorti en 81, réalisé par Alban Poirier et Jean Serres qui ont suivi la vie de LCA. À travers les images, les chants, les visages des sidérurgistes, des femmes, des enfants, on revit pleinement l’aventure et on mesure à quel point la lutte a besoin d’une incarnation. Dans notre monde qui fonce à mille à l’heure on en vient presque à oublier les corps, le vin, les repas, les chansons, le silence aussi parlant que le son. J'entends d’ici les Soumier et compagnie : non ce film n’est pas un voyage en nostalgie. Il rappelle ce qu’est une lutte même désespérée. Il rappelle qu’à plusieurs on est toujours plus intelligents. Il montre à quel point nous sommes aujourd’hui atomisés, individualisés, isolés.

Cet écho, on a eu envie de le partager. Avec nos trois invités, on épluche tous les sujets qui nous tiennent à cœur dont, vous vous en doutez, la critique des médias. On revient sur un reportage diffusé le 12 décembre dans le JT de Pujadas (et dénoncé par Acrimed) où l'on voit des ouvriers de PSA renverser notamment des plantes vertes. Titre du reportage : "Violences à Aulnay". "Mais ce n'est pas de la violence, ça, c'est de la colère", s'emporte Trillat qui ajoute : "ce n'est plus de l'information, c'est de la propagande." On parlera aussi d'un sujet qui nous est cher à @si : le modèle économique d'un tel média. François, notre déco-réalisateur, était surpris de voir à quel point, chez nous, dans notre petite entreprise, on se posait les mêmes quest

via www.arretsurimages.net

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