« Sud Ouest ». Michèle Alliot-Marie doit-elle démissionner ?
Arnaud Montebourg. Mme Alliot-Marie a discrédité l'autorité politique de son ministère. Elle a clairement montré que la France se trouvait aux côtés du dictateur déchu pendant la révolution tunisienne. Elle a proposé un soutien technique à la répression, au nom de la France. Et elle est partie en vacances, pendant les émeutes, avec un dignitaire du régime Ben Ali, bénéficiant de ses faveurs privées et personnelles, et démontrant la connivence du chef de la diplomatie française avec le benalisme. L'ensemble de ces actes a clairement dégradé la réputation et l'honneur de la France et de sa diplomatie.
Je conseillerais donc au président de la République de lui trouver très vite un autre poste, car notre réputation dans le monde arabe est sérieusement ternie et la France risque d'en payer les conséquences pendant longtemps.
Les magistrats sont en pleine fronde contre le président de la République. Ne vont-ils pas trop loin ?
Le président de la République a directement attaqué les magistrats, ainsi que les policiers. Ils ont raison de ne pas accepter cette mise en cause professionnelle. Car il est démontré que dans l'horrible meurtre de la jeune Laëtitia, le principal suspect avait purgé ses peines et ne pouvait pas faire l'objet, faute de moyens, du moindre suivi. En recherchant les responsables de cette tragédie abominable, Nicolas Sarkozy va très vite s'apercevoir que le premier responsable, c'est lui. Lui qui, avec son gouvernement, a empêché les magistrats de réaliser leur mission en leur donnant les moyens humains d'accomplir leur mission. Et les policiers se joignent à eux pour la première fois, car eux ont perdu, avec les gendarmes, 11 000 postes sur le terrain.
La responsabilité est donc politique. Mais selon les principes du pouvoir actuel, celle-là ne devrait jamais être engagée. Comme dans l'affaire Woerth ou pour Michèle Alliot-Marie : c'est toujours de la faute des autres ! Voilà pourquoi, dans le projet de VIe République que je défends, je propose la responsabilité individuelle des ministres, qui seraient obligés de répondre de leurs actes politiques.
La primaire, dont vous êtes l'un des principaux promoteurs, et à laquelle vous êtes candidat, se déroule-t-elle comme vous le souhaitiez ?
La primaire est une machine à organiser le rassemblement autour du futur vainqueur. S'il n'y avait pas ces règles, on pourrait alors parler de machine à perdre. Il s'agit au contraire d'une machine à purger les désaccords et à assembler les idées des uns et des autres. Le débat entre les candidats n'aura lieu que sur des orientations politiques ; ce ne sera pas un affrontement de personnes. La France a besoin de débats d'idées et tous les Français pourront s'emparer de cette primaire.
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