En octobre 2007, Alain Badiou publie De quoi Sarkozy est-il le nom ?, vendu à près de 50 000 exemplaires. Le livre transforme ce professeur émérite de philosophie à l'Ecole normale supérieure, et militant maoïste en vue des années 1960-70, en une sorte de gauchiste médiatique. Il a, alors, déjà commencé à travailler à l'ouvrage qu'il publie aujourd'hui, La République de Platon, fruit de six ans de travail.
Cet objet littéraire étrange n'est pas La République, de Platon, traduite par Badiou, mais une véritable réécriture, dans un vocabulaire d'aujourd'hui et pour un usage contemporain, de ce livre majeur de la philosophie. Cherchant à « combiner la proximité constante avec le texte original et un éloignement radical », Alain Badiou renoue donc avec son métier de professeur de philosophie. Mais en faisant de cette République une pièce de théâtre pour notre temps, il ne s'écarte pas, pour autant, de son obsession de sauver « l'idée communiste » abîmée par les réalités du XXe siècle.
Outre la diatribe anti-sarkozyste qui a fait polémique, notamment en raison de son évocation du « pétainisme comme transcendantal de la France », De quoi Sarkozy est-il le nom ? était en effet aussi une réflexion consistant à sauver le communisme en dépit des échecs et des crimes des réalités historiques ayant prétendu l'incarner. Quitte à revendiquer, pour cela, certaines leçons de la Révolution culturelle maoïste… Poursuivie avec L'Hypothèse communiste ou Le Réveil de l'histoire, cette République de Platon prolonge encore cette possibilité d'une « Cité idéale » communiste.
Cette nouvelle République lui permettra-t-elle d'être moins isolé intellectuellement et politiquement qu'il ne semble l'être aujourd'hui ? Alain Badiou invoque le fait d'avoir seulement continué là où d'autres ont renoncé, et brandit son refus d'abdiquer devant la « norme capitalo-parlementaire » comme un acte raisonnable et non comme un geste enragé. Mais la manière dont il assume, aujourd'hui, l'héritage maoïste fait évidemment problème et débat.
Mediapart a donc voulu à la fois se plonger dans cet objet inédit et revenir, à partir de là, sur le rapport au juste et au vrai des philosophes d'hier et d'aujourd'hui…
Cette République de Platon réinventée et relue par Alain Badiou, c’est d’abord une image sur un paquebot, où l’on vous voit furtivement, sous la caméra de Godard, dans Film Socialisme, en train de travailler à cet ouvrage. Est-ce qu’il n’y a pas là comme une fable philosophique puisque ce bateau, dans lequel vous étiez embarqué pour une sorte d’opéra, comme sait les faire Jean-Luc Godard, de critique du capitalisme et de réinvention de cet horizon du socialisme, s’appelait le Costa Concordia ?
J’ai effectivement écrit une partie de ce livre singulier dans le bateau et sous la caméra de Godard. Il a intuitivement saisi que c’était un travail en retrait, en diss
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