Actualités de la Révolution (« L’intelligence politique de la Révolution Française ») – Page 2 | Mediapart

D’ailleurs, rappelle une autre historienne, Sophie Wahnich, dans un livre fécond tout juste publié par les éditions Textuel, sous le titre L’Intelligence politique de la Révolution française : « Nous pouvons sans dommage nous débarrasser d’idées trop simples qui conduisent par exemple à vouloir trier entre une bonne révolution qui fabrique les Droits de l’homme et du citoyen et une mauvaise qui agirait par la Terreur en n’ayant pas réussi à fonder la morale civique. C’est alors une facilité que d’oublier que pour obtenir la ratification de l’abolition des privilèges et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, il a bien fallu d’abord menacer La Fayette de la corde pour lui faire prendre la tête du cortège des journées d’octobre 1789, puis ramener la famille royale à Paris et forcer le roi à signer. »

À travers un choix de documents savoureux, l’historienne montre comment la période révolutionnaire est « un réservoir d’arguments et de pratiques politiques au sein duquel il est possible de puiser non pas des modèles, bien que souvent l’inventivité de ces hommes et femmes nous subjugue, mais des lumières pour éclairer nos manières d’agir en politique ».

Pour « transmettre un esprit et des outils », l’historienne refuse de céder au « folklore ou à une signalétique faite de mots évocateurs » qui reviendrait à penser qu’utiliser le mot « constituante » suffise, par exemple, à « faire revenir la capacité à braver les formes et les normes instituées ».

Pour Sophie Wahnich en effet, la Révolution française n’est « ni un mythe, ni un folklore, ni un patrimoine ». Il est alors nécessaire de « restituer à la Révolution ses contradictions pour mieux comprendre aussi les nôtres et faire en sorte de pouvoir sinon les résoudre, du moins les déplacer ».

Parmi les questions actuelles qui lui paraissent importantes et qui résonnent avec la Révolution, l’historienne en a sélectionné quatre qui lui « semblent cruciales pour notre devenir commun ». La première porte sur les principes, et notamment l’opposition canonique entre la liberté et l’égalité.

Thomas PaineThomas Paine

Sophie Wahnich donne, pour cela, à redécouvrir la vibrante déclaration de Thomas Paine à la Convention nationale, pour dire son opposition au projet de Constitution de l’an III (1795) rédigée par les Thermidoriens après la chute de Robespierre, et coupable à ses yeux de nier la volonté du peuple, notamment en rétablissant un suffrage censitaire. En donnant « pour but de la société, non pas un bonheur commun ou le bonheur de tous, mais le bonheur partiel ou le bonheur d’une partie seulement », cette constitution qui rétablit de l’inégalité entre les hommes « fait que la liberté d’une partie de la société agit pour enlever la liberté de l’autre ».

Ce retour à la racine des principes de la Révolution permet aussi à Sophie Wahnich de rendre sensibles « l’intensification extraordinaire des pratiques de l’espace public devenu alors véritablement démocratique » ou l’idée que « les grandes révolutions sont des révolutions du pouvoir législatif, les petites rétrogrades, du pouvoir exécutif ».

La deuxième question prend à bras-le-corps « l’égalité politique et sociale et les mécanismes d’inclusion et d’exclusion au sein de la cité révolutionnaire », en montrant comment le fait de « savoir si les domestiques, les esclaves, les libres de couleur, les femmes, les pauvres, les non catholiques et plus particulièrement les juifs et les protestants seraient

via www.mediapart.fr

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x