Les
locataires du 86, rue Olivier-de-Serres ont appris au mois d'avril que leur
immeuble allait être vendu à la découpe, c'est-à-dire appartement par appartement. Au total, les 260 logements de l'immeuble seront en vente. Deux solutions s'offrent alors aux locataires:
racheter l'appartement qu'ils occupent, ou partir. À 10.000 euros le mètre
carré, la plupart des locataires n'ont pas les moyens d'acheter. Face à cette situation, une trentaine de locataires,
emmenés par le couple Bojczuk, s'est mobilisée contre cette «opération de spéculation», initiée par la société Elysée Monceau Investissement et son fond d'investissement l'Abeille. De cette revendication est née une
association, Les locataires partisans des Mille-Serres. Ils représentent moins du quart
des occupants de l'immeuble et souhaitent fonder une coopérative d'habitants
avec l'aide de la mairie de Paris. Récit.«Début
avril, nous avons reçu une lettre nous conviant à une réunion obligatoire le 28
avril», raconte François Bojczuk, quadragénaire sensibilisé à la finance solidaire, et
membre fondateur de l'association de défense des locataires. Lors de la
réunion, les locataires sont informés qu'ils disposent de trois mois de
réflexion pour décider de rester ou de partir. Ceux qui souhaitent rester,
exercer leur droit de préemption et racheter leur bien ont deux mois
supplémentaires pour obtenir un crédit. «La plupart des locataires de
l'immeuble ne sont pas en capacité de racheter l'appartement qu'ils occupent», plaide François Bojczuk. En
effet, le prix au mètre carré pour l'achat des appartements a été fixé par
le vendeur entre 9.500 et 11.000 euros selon les appartements, un prix
supérieur à ceux du marché parisien. À titre de comparaison, le prix au mètre
carré est le même pour un immeuble voisin, neuf, quand leur immeuble, dont la
vétusté est manifeste, a été construit en 1928. La
coopérative d'habitants que les locataires comptent fonder vise à sortir le bien de la spéculation immobilière. La
coopérative deviendrait alors propriétaire des logements qu'elle louerait aux coopérateurs en
échange d'un loyer et de l'achat de parts sociales.Aujourd'hui en France, il y a 235 projets d'habitat participatif, selon une récente étude menée par l'ADESS Pays de Brest
via www.mediapart.fr