Les limbes de l'amour ?…
Le terme de « limbes » ne me va pas du tout, avec cette idée d'errance aux marges de l'enfer. Ces « aimables compagnes » sont là, au bout de mes doigts, sur mon clavier. Elles passent et repassent, elles dansent entre mes pages, changeant de nom ou d'absence de nom, et comme dit Verlaine dans Mon rêve familier : « Ni tout à fait la même ni tout à fait une autre »…
Votre génération ne fut-elle pas vouée aux « amours contingentes » : vous avez vécu dans le siècle où les amours et la politique étaient marquées par Marx, Freud et Sartre, bien loin des pièces d'un Labiche cent ans plus tôt ?
Je vous trouve injuste envers le XIXe siècle, que vous voyez à travers l'adultère bourgeois et boulevardier. C'est aussi le siècle du romantisme : Musset, Chopin, Liszt, Marie d'Agoult…Cette imagerie m'a bercé toute mon adolescence.
Je ne parle pas, comme Sartre, d'« amours contingentes », mais donc d'« amitiés tendres », comme dit Stendhal, de compagnes très proches, dont je ne dis pas si j'ai eu ou non avec elles une relation physique. L'amitié tendre, c'est aussi tout autre chose que l'amour-passion, dirigé vers une personne qui souvent s'en moque. L'amitié tendre n'est pas un sentiment, mais une relation, variablement réciproque. Ceci pour me démarquer de la référence à Sartre-Beauvoir, qui ont théorisé ce qu'il faut bien appeler des ménages à trois, voire à quatre (il est d'ailleurs très rare que ce qui vient de Sartre me convienne). Les amours contingentes, contrairement à ce que vous semblez croire, nous ramènent à l'adultère boulevardier, même si tout cela est sanctifié par un pacte entre les intéressés. Ce n'est pas mon registre. Jadis, on parlait d'amitiés amoureuses…
via www.mediapart.fr