50 ans d’amitié franco-allemande, entend-on, mais…

Entre deux personnes, comme entre deux organisations, Etats, les formes d'association sont multiples : purement amicales, amoureuses, contractuelles et intéressées, il y a là des différences, des nuances, des possibilités et des problèmes spécifiques. Entre "la" France (qui n'existe pas, puisque ce sont les Français qui existent) et l'Allemagne (idem), existe t-il une amitié et laquelle ? Puisque l'Histoire de ces deux derniers siècles additionnent invasions et crimes réciproques, le fait de ne plus se faire la guerre est déjà un mieux. Mais une négation ne peut pas être considérée comme suffisante pour justifier de croire à une amitié. Les Français se sont-ils mis à mieux connaître les Allemands, par exemple en parlant leur langue, et réciproquement ? Les années récentes indiquent le contraire. La "coopération" entre les Etats aura été telle et l'est encore que cette amitié "franco-allemande" est plutôt l'amitié entre l'Etat français et l'Etat fédéral allemand, dans des limites certaines. Mais cette coopération intéressée a été souhaitée, organisée, après la fin de la première guerre mondiale, notamment par une partie active du grand patronat français, et ce de manière plus intense au fur et à mesure des années. Et c'est pendant la guerre que cette collaboration désirée et organisée s'est le plus déployée. C'est pourquoi il faut se méfier ardemment des chantres de l'amitié franco-allemande qui ne sont pas tous de simples idéalistes. Les héritiers officiels ou non du Pétainisme sont toujours de tels chantres-aèdes de. Mais leur "amitié franco-allemande" ne peut que révulser bien des Français et des Allemands. Car une amitié doit avoir un contenu, un sens, et il y a des amitiés qu'il vaut mieux éviter. Actuellement, les rentiers germains des Capitaux sont bien les successeurs de celles et ceux qui des années 20 jusqu'à la fin de la guerre ont financé, soutenu, les Nazis. Mais pour le savoir, encore faut-il se documenter, car malgré le "devoir de mémoire", l'implication patronale, de la grande bourgeoisie et de la noblesse, allemandes, dans le nazisme a été ces dernières années, ou carrément niée, ou minimisée. Il fut au contraire maximum. C'est ce que nous apprend, preuves à l'appui, l'excellent ouvrage de Kurt Gossweiler, disponible gratuitement chez Aden par téléchargement, "Hitler, l'irrésistible ascension". Or, si une dénazification active a eu lieu dans toute l'Allemagne contre les exécutants MILITAIRES du Nazisme, les collaborateurs-profiteurs DANS LA PRODUCTION ECONOMIQUE SONT, comme en France, largement passés entre les mailles du filet de cette dénazification, alors qu'ils étaient autrement plus responsables de la prise de contrôle de l'Allemagne par les Nazis, tant rejetés, détestés, par une majorité de citoyens allemands. A l'égard de ceux-ci, à l'égard de tous ceux qui, avant 1933, après 1933, entre 1933 et 1945, et depuis, se sont opposés, avec courage, détermination, au Nazisme ET A TOUS LEURS SOUTIENS, les citoyens français peuvent exprimer leur amitié, totale, indéfectible, alors qu'elle n'a, en France, dans les livres officiels, dans les manuels d'Histoire, dans les cérémonies politiques, AUCUNE INCARNATION (ce qui n'est pas le cas en Allemagne). Elle est donc entièrement à construire. 50 ans après, il n'est pas trop tard

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