1944-1945, la Libération : à l’instar des « femmes tondues », une épuration ratée (avec une série de Nicotoulouse)

Dans quelques semaines, nous allons faire paraître un entretien avec Madame Annie Lacroix-Riz, à propos de la nouvelle version de son ouvrage, "Industriels et Banquiers sous l'Occupation". Le travail de cette historienne française est tel que nous n'en sommes plus, comme Marc Bloch en son temps, à formuler l'hypothèse d'une conspiration d'une partie des élites françaises des années 30 mise en oeuvre entre 38 et 40, mais à connaître et comprendre l'architecture de cette conspiration, avec le sommet Cagoulard de l'iceberg Synarchique, de son déploiement, jusqu'à la "Libération", c'est-à-dire pour eux la défaite, et le maintien de l'essentiel de l'échiquier pétainiste dans la France de l'après-guerre, malgré la Libération. Si, en France, la situation n'a pas été comparable à celle de la Grèce, où là, "grâce" au soutien anglo-américain, les collaborateurs grecs ont pu être soutenus APRES LA LIBERATION, et massacrer, emprisonner, les Résistants grecs dans les années qui ont suivi la fin de la guerre (cette Résistance ne pouvant bénéficier d'une aide de l'URSS en raison de la distance, de l'épuisement des forces soviétiques et du sens de la mesure de Staline qui n'a pas souhaité engager une guerre supplémentaire de conquête à l'ouest), c'est qu'il y a eu un maintien organisé, "discret", ce qui est bien connu fait partie du charme d'une partie de la Bourgeoisie. Le cas de Papon est célèbre – passé entre les mailles du filet de l'épuration, pour connaître une longue et confortable carrière dans la haute fonction publique, mais ce n'est qu'un cas parmi d'autres. Certaines archives sont toujours interdites d'accès aux historiens professionnels. Mais sans attendre, nous pouvons dire que "l'épuration", en France, mais aussi en Allemagne, et dans la plupart des pays européens, a été ratée. D'un côté, elle s'est focalisée sur de possibles collaborateurs de bas étage, mais aussi des femmes qui ont eu le tort d'avoir une vie amoureuse avec un occupant (même s'il ne faut pas oublier que certaines d'entre elles ont en effet aussi soutenu leur amoureux à travers du travail d'espionnage et de dénonciation), comme l'illustre la très belle série photographique ci-dessous. Cette situation si difficile, avec une population mélangée (les résistants, les collaborateurs, la majorité des citoyens qui n'ont rien fait, rien dit) exigeait la mise en place d'une Justice avec des moyens adaptés, engagée dans un processus long, avec des croisements européens d'informations. Il n'en a rien été. Une liste complète et différenciée des collaborateurs, d'Etat et privés, aurait dû être élaborée, en différenciant les actes (criminels, non criminels, ayant conduit à la déportation, à l'assassinat, etc), et pour l'ensemble de ces actes, leurs auteurs auraient dû encourir des peines de prison, des amendes, l'interdiction d'exercer pendant une durée variable un travail dans la fonction publique, etc. Une liste des entreprises qui ont travaillé au profit des Nazis aurait dû être élaborée pour déterminer les niveaux et les profits réalisés, et les responsables auraient dû être à la fois poursuivis, expropriés. Il n'en a rien été. L'euphorie de la Libération, la destruction dans son nid allemand du Nazisme, totalement écrasé par les Alliés, une certaine inconscience et la volonté gaulliste de favoriser une certaine "paix" intérieure avec une idéologie de la continuité de l'Etat, ont contribué à cette inaction, gravissime. Car en dehors de France, en Allemagne même, malgré les mesures sévères engagées par les Alliés, et plus encore par les Soviétiques, qui, eux, n'ont protégé aucun ex-Nazi, trop de responsables de crimes, à commencer par les "bourreux anonymes" d'Hitler, ont pu rentrer chez eux, et à l'occasion de fêtes dans les années suivantes, se remémorer leurs exploits criminels en buvant bière sur bière, après tant…de mises en biere (cf les enregistrements sonores réalisés par les Alliés des soldats allemands prisonniers, réalisés à leur insu, et dans laquelle leur parole libre se fait entendre et fait froid dans le dos). Il ne faut pas s'étonner aujourd'hui que les "héritiers" de cette Collaboration soient si actifs et arrogants dans nos pays !

—————————————————————————————————————————

La série photographique de cette note est l'oeuvre de Nicotoulouse, qui a accepté le partage de ses photographies dans cette note. Voici la présentation de cette série par Nicotoulouse : 

"Femmes tondues ! Déchirure patriotique"
 Près de 20 000 femmes tondues en France entre 1941 et 1945 ! Beaucoup d’entre elles n’avaient pourtant aucune collaboration à leur actif et se sont faites humiliés juste sur des rumeurs, dénonciations gratuites, sans preuve, sans pouvoir défendre leur innocence. Et la barbarie était à son comble lorsque ces tontes se terminaient par des agressions physiques, sexuelles ou viols.
 Lorsqu’on vit et lorsqu’on sort d’une guerre aussi effroyable, il aurait été plus glorieux de rester digne jusqu’au bout, plutôt que d’utiliser des méthodes barbares, un genre de méthode que les armées françaises, puis les résistants, les alliés et tous ces morts pour la France ont combattu pour la liberté de tous. Quand la haine dépasse la raison !

 Série photo avec Julie Séguélas Piquemal, Frederick Lejeune, Dan Buster's, Vanessa Flore Madec et Yan Yak.
 Make-up : Claire Make Up
 Assistants : Emmanuel Grignon et Coralie Pascal Moreno Pezous.

1378806_377174982413996_314840840_n

1379494_377175035747324_574259798_n
1380741_377175079080653_1594792928_n
1394794_377175129080648_1855398416_n

1000519_377175172413977_1847590762_n
1374236_377175292413965_1773884465_n
1375062_377175305747297_1231226179_n

1375870_377175182413976_1369415229_n

1377550_377175249080636_920854661_n

1395393_377175219080639_1641743806_n
1382783_377175442413950_1449357225_n

 

1375885_377175415747286_2019788992_n


0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
2 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Nicotoulouse PN
11 années il y a

Ce texte est fort juste.
Parfois il est important de remettre les choses à leur place, de rétablir une certaine vérité et de ne jamais oublier.

jean christophe grellety
11 années il y a

Merci, il y a encore beaucoup à chercher, trouver, révéler, comprendre, dire ! et photographier…

Translate »
2
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x