Une femme de cheminot témoignage, contre les mensonges de la propagande anti cheminots et anti syndicale – Arrêt sur images

A la suite de la publication d'une chronique de Daniel Schneidermann dans Libé, intitulée "Le lynchage des cheminots", nous avons reçu le témoignage d'une femme de cheminot qui décrit son quotidien et celui de son mari, en égratignant au passage les médias qui ont véhiculé, pendant les grèves, intox et idées reçues sur un métier souvent dénigré.

Mon mari est conducteur de train et nous avons passé une période vraiment très difficile lors de la dernière grève.
Ça fait énormément de bien qu'un professionnel des médias parle ainsi et dise les choses telles qu'elles le sont vraiment. Être conducteur de train, c'est beaucoup de sacrifices et de renoncements et ça fait du bien de lire des articles comme le votre. Ça ne vous intéresse sans doute pas mais je vous copie quelque chose que j'avais écrit lors des dernières grèves. Ça n'a pas beaucoup d'importance mais ça vous aidera peut être à comprendre pourquoi votre article était important pour moi et ce qu'il représente.

 

"Tous ces moments de couple, de famille, que nous avons perdus, toutes ces nuits ensemble que nous ne rattraperons jamais… Ces vacances qu'on n'arrive pas à poser en même temps, ces Noël ou ces réveillons sans lui, ces moments où il finit tard et où je m'inquiète, cette pression quotidienne qu'on lui inflige et qui s'éparpille dans notre maison, le mépris de sa hiérarchie, les intimidations des syndicats, les remarques des usagers, les insultes.

Il est simplement conducteur de train. Avec modestie, dévotion, intelligence et fatalité, il conduit vos trains. Il se lève parfois à 2h30 pour chauffer ceux qui vous amèneront au boulot le matin. Il se couche parfois aussi tard pour vous ramener chez vous quand vous rentrez de soirée. Il peut commencer à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, sans aucune régularité. Et ça le samedi, le dimanche, les jours fériés, les jours de fête…

Copyright Frédéric Bisson (Flickr)

Non, il n'y a pas de jours de "rattrapage".
Non, la prime de charbon n'existe plus depuis 1970.
Non, les jours de grève ne sont pas payés.
Non, il n'est pas payé plus lorsqu'il travaille le dimanche ou les jours fériés.
Non, il ne travaille pas moins de 35 heures par semaine.
Non, il n'y a pas non plus toutes ces primes fantaisistes qui dépassent mon imagination et dont je n'ai sans doute pas encore entendu parler (il paraitrait que le trajet entre la maison et la gare serait compris (et payé) dans le temps de travail des cheminots ! les gens débordent d'imagination…).

Quand il n'est pas là, il dort dans des hôtels ou des foyers miteux et bruyants. Il dort peu et mal. Il mange comme il peut des sandwichs à droite à gauche quand il a le temps. Son sommeil, son alimentation, tout est déréglé. Et que dire du stress permanent, des pressions et des responsabilités… Il va mourir jeune.

"J'ai accepté que la base de notre quotidien repose entièrement sur moi"

via www.arretsurimages.net

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