Vous êtes-vous déjà demandé qui est cette personne qui vous suit comme votre ombre de votre entrée dans une entreprise à votre départ ? Celle qui établit votre contrat de travail, votre paie, et même votre licenciement ?
Celle qui voit tout, de votre embauche à votre départ, qui sait presque tout sur votre vie privée, qui enregistre mariage et concubinage, divorce et séparation, qui connaît naissances et décès dans votre vie personnelle, qui voit vos comptes, vos soucis financiers, vos oppositions sur salaire, etc. ?
Cette personne est aussi – et c'est moins connu – « l'exécuteur » de la pensée du responsable du personnel ou l'adjoint du DRH, c'est-à-dire celui qui fait la « sale besogne », qui suit les décisions d'en haut.
Ce salarié, je l'ai été pendant prés de dix-sept ans. J'ai travaillé dans pas mal de sociétés, passant du secteur du bâtiment à celui de la viande, de l'aérien aux musées, du transport aux cosmétiques.
Vous vous apercevez au fil des années et de votre parcours professionnel que le « système » et la construction de l'entreprise reproduisent presque toujours le même schéma pyramidal. Vous en devenez petit à petit un peu blasé, voire écœuré, tellement vous voyez de choses dans les ressources humaines…
Pourtant, vous ne devez rien dire, car la confidentialité, maître mot dans ce métier, vous met souvent mal à l'aise vis-à-vis des autres salariés, car vous savez qu'il y a tellement de contradictions entre le discours officiel de la direction et la réalité qu'il devient difficile de rester neutre.
Du recrutement jusqu'au départ, que de couleuvres à avaler !
CV bidonnés et piston à tout-va… C'est une réalité : le recrutement n'est pas toujours basé sur les diplômes, les compétences ou l'expérience…
Combien de candidats j'ai pu voir sélectionnés pour un poste alors qu'ils n'avaient rien à voir le profil recherché, souvent parce que c'était un ami de tel ou tel directeur, la maîtresse de tel autre, ou encore la partenaire de tennis d'un autre (oui, oui, j'ai aussi vu ça ! ), quand ce n'est pas couramment un membre de la famille : cousin, frère, fils, fille, belle-sœur, beauf, etc. Parfois, personne dans l'entreprise ne le sait et ne le saura certainement jamais.
La promotion et/ou la mobilité interne sont encore plus floues ; si la loi impose un affichage de poste lors d'une offre en interne, le futur candidat, lui, est déjà choisi depuis très longtemps par la direction. Combien d'affichages de poste sont « adaptés et profilés » en fonction du cursus du candidat déjà prévu ! Telle langue obligatoire, tel diplôme, connaissance de tel logiciel… Ce qui permet d'écrémer et filtrer les candidatures pour arriver, au final, au candidat que l'on avait déjà choisi.
Primes et augmentations injustifiées, souvent inégales
L'argent est omniprésent dans ce métier, et les injustices sont quotidiennes et flagrantes pour nous qui voyons tout.
Pourquoi donner des augmentations ou des primes parfois surréalistes à certains salariés plutôt qu'à d'autres ? Les aberrations vous font parfois monter au plafond, et vous comprenez vite comment cela fonctionne !
Globalement, ce que j'ai constaté – mais est-ce vraiment une surprise ? – et qui se répète dans beaucoup de sociétés, c'est que très souvent, être « corporate » (c'est-à-dire pro-direction) est beaucoup plus payant que d'être compétent.
Certains ont compris le système, d'autres ne l'ont pas compris, et d'autres encore ne veulent pas y entrer ; je crois que c'était un peu mon cas, et c'est ce qui m'a fait renoncer à ce métier…
Oui, c'est vrai, on le sait, l'entreprise est devenue très politique. On marche beaucoup plus à la récompense de sa hiérarchie et/ou de son entreprise que dans la réalisation d'un objectif ou d'une mission. Ça vous rappelle pas qu
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