UIMM: des valises d’argent liquide devant le tribunal – Page 1 | Mediapart

Les choses étaient si simples, au bon vieux temps du patronat. Chaque fois, le même cérémonial. C’est la chef comptable de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) qui le raconte, sur procès-verbal. « Je reçois mes instructions de M. Gautier-Sauvagnac. Il me dit qu’il a besoin de liquide, je fais en sorte que cela soit fait dans les jours suivants. Je sais que le montant est toujours le même. 200 000 euros. »

La banque ne pose pas de question, ne demande aucun document écrit. Il faut seulement prévenir l’agence 48 heures à l’avance, par téléphone. Il n’y a pas de reçu. « Un chauffeur est mis à ma disposition mais il ignore le motif de mon déplacement dans l’agence bancaire », ajoute-t-elle.

Lors de sa première audition devant le juge d’instruction Roger Le Loire, la chef comptable de l’UIMM détaille longuement le mécanisme par lequel ce syndicat patronal, une composante importante du Medef, sortait tranquillement des paquets d’espèces, depuis des décennies, pour en faire un usage très discret.

Denis Gautier-SauvagnacDenis Gautier-Sauvagnac

Selon l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, un document de 71 pages dans lequel le juge d’instruction synthétise le dossier (et dont Mediapart a pris connaissance), ce sont près de 18 millions d’euros (17 986 499 exactement) en espèces qui ont été retirés des comptes bancaires de l’UIMM sur la seule période allant de 2000 à 2007. Moins de 2 millions ont été retrouvés dans des coffres.

Ces grosses coupures, distribuées dans des enveloppes bien garnies, seront au cœur du procès de la caisse noire de l’UIMM, qui s’ouvre lundi, devant le tribunal correctionnel de Paris, et doit se tenir jusqu’au 22 octobre. Onze personnes seront jugées, ainsi que l’UIMM en tant que personne morale.

Denis Gautier-Sauvagnac (l’ancien président délégué général de l’UIMM, après avoir été longtemps numéro 2), Dominique de Calan (son ancien bras droit) et d’autres dirigeants de ce syndicat patronal doivent répondre d’une longue liste de délits allant de l’« abus de confiance » au « recel », en passant par la « destruction de preuves » et le « travail dissimulé ». Toutefois, ce procès risque d’être frustrant, et de laisser de nombreuses questions sans réponse.

via www.mediapart.fr

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