Après l'immense succès de la manifestation du 6 août à Tel-Aviv – 200 000 personnes ont défilé boulevard Rothschild –, le mouvement des « campeurs » israéliens ne s'essouffle pas. Leur mot d'ordre : « La justice sociale. » Leur revendication : des mesures immédiates contre la vie trop chère.
Cette petite vidéo rend compte à la fois de l'état d'esprit des manifestants, gonflés d'enthousiasme et de joie, et de l'importance de la mobilisation. (Voir la vidéo, jusqu'au bout ! )
« Cela transcende les clivages habituels religieux-laïques »
Installée à Tel-Aviv depuis octobre 1010, Illana, Franco-israélienne de 27 ans, campe depuis trois semaines dans ce village de la protestation. Comme la majorité des Israéliens, elle touche un petit salaire (6 000 shekels, soit 1 100 euros) mais paye un gros loyer (2 500 shekels, soit 500 euros).
Elle dit ne pas comprendre qu'en dépit de la croissance prévue de 5% et d'un petit taux de chômage (5,6%), le coût de la vie augmente (64% d'augmentation des prix de l'immobilier en trois ans) et que les salaires stagnent. Elle croit au changement.
« Aujourd'hui, après trois semaines de mouvement, tout le boulevard est assailli de tentes, de pancartes, de canapés et autres objets domestiques. Le mouvement s'étend par ailleurs à tout le pays et des campements existent à Jérusalem, Sderot, Beer-Sheva, entre autres villes.
J'ai entendu parler de l'initiative de Dafne Leef, étudiante en cinéma à l'université de Tel-Aviv, par le biais d'amis israéliens. Pour protester contre l'augmentation du prix de son loyer, la jeune femme a posté un évènement sur Facebook incitant à venir planter sa tente sur Rothschild, un boulevard huppé de Tel-Aviv. Le mouvement a pris très rapidement, jour après jour, de plus en plus de tentes étaient érigées, de plus en plus de gens présents.
Un grand festival, en apparence
Sur Rothschild, j'ai planté ma tente et vaqué de voisinage en voisinage pour discuter avec les gens, connaître leurs histoires. L'événement est très original. Pour un passant lambda qui ne lit pas l'hébreu et les pancartes contestataires, la première impression est de se trouver dans un grand festival, avec des gens qui se regroupent pour jouer de la musique, faire un cours de yoga, cuisiner pour les manifestants, etc.
Mais il faut bien garder à l'esprit que derrière cet aspect “festivalesque”, les revendications sont bel et bien politique et sociales. Les gens échangent sans arrêt, des groupes de discussions se créent, des débats fusent en tous sens, à toute heure du jour ou de la nuit. Des professeurs d'économie, des artistes engagés sont invités, tiennent des conférences. C'est vraiment l'ébullition.
Trois juifs ultra-orthodoxes, assis avec nous
via www.rue89.com