C'est comme un scandale sans fin! On a beau savoir que l'histoire Tapie est, avec celle de Karachi, l'une des affaires d'Etat les plus graves qui menacent Nicolas Sarkozy depuis 2007; on a beau penser être arrivé au bout de l'indignation, tant les dysfonctionnements constatés ou les coups tordus avérés ont été nombreux… Malgré tout, de nouvelles révélations viennent sans cesse s'ajouter les unes aux autres au point de nourrir un véritable écœurement.
Lesdernières révélations en date ne sont pas des moindres: dans un rapport d'information parlementaire publié jeudi 31 mars en fin de journée, le président (PS) de la commission des finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, lève le voile sur de nouvelles irrégularités, jusqu'alors inconnues, sans lesquelles Bernard Tapie n'aurait jamais pu percevoir son formidable pactole prélevé sur fonds publics.
C'est peu dire que cette affaire n'a cessé de révéler son lot de scandales. Comme le rappelle «l'édito vidéo ci-contre», mis en ligne le 16 octobre 2008 (on peut également consulter nos très nombreuses enquêtes en passant par l'onglet «Prolonger»), il y a d'abord eu la décision prise, sur pression du chef de l'Etat, de suspendre le cours de la justice ordinaire, celle de la République, pour confier à un tribunal d'arbitres privés le soin de juger le conflit opposant depuis 1994 Bernard Tapie au Consortium de réalisations (CDR, la structure publique de défaisance qui gère depuis 1995 les actifs douteux de l'ex-Crédit lyonnais) au sujet de la vente par la banque du groupe de sports Adidas. Une décision d'autant plus choquante que l'affaire venait d'être examinée par la Cour de cassation, et que le CDR était dans une position juridique avantageuse.
Puis, il y a eu la scandaleuse sentence de ces arbitres qui, tournant le dos à la décision de la Cour de cassation, ont accordé à Bernard Tapie le 7 juillet 2008 un dédommagement de 390 millions d'euros, dont 45 millions d'euros au titre du préjudice moral, une somme invraisemblable qui a choqué l'opinion. Puis, il y a eu encore la révélation de mensonges en cascade de Christine Lagarde: alors qu'elle avait dit initialement que le gain net pour Bernard Tapie ne serait que de 30 millions d'euros, on a appris que le trésor serait d'environ 220 millions d'euros.
Par la suite, on a découvert que la même ministre des finances avait par écrit intimé l'ordre aux hauts fonctionnaires siégeant au sein de l'Etablissement public de financement et de restructuration (EPFR, l'établissement public qui est l'actionnaire à 100% du CDR) de voter en faveur du recours à l'arbitrage, et enfin de voter pour qu'aucun recours contre l'arbitrage ne soit décidé.
Pour couronner le tout, il y a eu le rejet par la justice administrative des recours introduits pour abus de pouvoir contre la ministre des finances par des députés et des contribuables. Rejet en première instance, puis rejet en appel. Comme si la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui pourtant donne aux citoyens en ses articles 14 et 15 le droit de contrôler l'usage des fonds publics, n'avait plus cours.
Oui, jusqu'à l'écœurement! Mais du même coup, on pouvait penser être arrivé au bout de ses surprises. Eh bien non! Le scandale d'Etat n'avait pas encore livré tous ses secrets. Car dans l'avant-propos d'un rapport parlementaire d'information consacré à l'affaire Tapie qui a été rendu public jeudi en fin de journée, le socialiste Jérôme Cahuzac, qui préside la commission des finances de l'Assemblée nationale, lève le voile sur de nouvelles turpitudes.
Voici ce rapport:
via www.mediapart.fr