"Arrêtez-moi là", de Gilles Bannier. Pour son premier film, le réalisateur met en scène un homme ordinaire victime d’une erreur judiciaire. Sans chercher à renouveler le genre, il donne à voir une approche clinique des arcanes du pouvoir et de la rigidité des autorités.Un homme placide conduit un taxi. Sur le siège conducteur, un chat roux est alangui. Les yeux rivés sur la route, il le gratifie d’une petite caresse. Sous le soleil de la Côte d’Azur, le temps s’étire en douceur. À l’aéroport de Nice, Samson prend en charge une jeune femme pour l’amener à Grasse. En filant vers la cité des fleurs, un jeu de séduction éclot entre eux. Mais l’élixir ne dure que le temps de la course. Dès le lendemain, il se retrouve accusé d’avoir enlevé sa fillette. Immédiatement, le rouleau compresseur judiciaire s’enclenche.
Sans préavis, le chauffeur de taxi ordinaire, amateur des compositions de Gershwin et chouchou de sa voisine de palier, devient le coupable idéal. Aspiré par le vortex du soupçon, perdu dans un faisceau de présomptions, Samson est bientôt lâché par sa dulcinée. Il s’enfonce dans les sables mouvants des procédures. Sans que personne n’entende son cri de vérité. Lors de l’interrogatoire, son regard contrarié fixe les deux flics un peu benêts. Sourds à ses explications, ils le collent au trou sans preuve. Fiers d’avoir enfin une affaire importante sous la dent, ces fonctionnaires zélés n’hésitent pas à trafiquer l’enquête. Tant bien que mal, Samson essaie ensuite de capter l’attention du procureur de la République venu lui rendre visite derrière les barreaux. Dépité, il ne peut pas non plus compter sur son avocat commis d’office azimuté. Insensible à sa version des faits, cet incompétent notoire fini par rater magistralement sa plaidoirie. Propulsé dans le box des accusés, spectateur de sa déchéance, le taxi driver fulmine en silence. Toutes les étapes, de la garde à vue au procès, sont autant de claques. Samson n’attend plus qu’un miracle ou l’estocade.
Des plans épurés qui s’effacent devant le personnage
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