SDF : la rue rend fou – Non assistance à personne en danger, l’Habitat est une nécessité vitale| Rue89

Regards croisés de sans-abri de longue date et d'infirmières en psychiatrie au service spécialisé du centre hospitalier Sainte-Anne, « santé mentale et exclusion sociale ».

« Qu'est-ce que vous voulez montrer ? Vous voulez voir des fous ? Assister à des consultations ? » Au premier rendez-vous avec l'équipe du Dr Mercuel, à Sainte-Anne (XIVe arrondissement de Paris), l'accueil est méfiant et sans chaleur, mais les questions directes et les regards bien francs.

Dans la salle aux murs jaunis où se tient le point hebdomadaire plane aussi le souvenir déplaisant d'un documentaire télévisé réalisé dans un des pavillons de l'hôpital psychiatrique. L'ambiance est un peu celle d'un entretien d'embauche. Il faut montrer patte blanche. Le Dr Mercuel reste peu loquace derrière sa moustache en guidon. Sylvie, Christiane et Céline braquent leurs yeux sur moi.

Christiane : « C'est une vision du gouffre »

Les trois quadragénaires ont obtenu leur diplôme d'« infirmière en psychiatrie » dans le courant des années 80. Depuis, le diplôme a disparu. A présent, on forme des « infirmières polyvalentes » moins bien préparées au terrain. Céline explique :

« Ils s'en rendent compte et essaient de faire des trucs compensatoires pour les nouveaux diplômés en difficulté. Mais rien ne vaut de se colleter avec la maladie mentale. La psychiatrie, c'est vraiment un domaine où l'expérience acquise avec les années est réelle. »

Toutes trois ont travaillé dans plusieurs services avant d'atterrir au Smes. Depuis sa création en 2001, ce service psy va à la rencontre des personnes à la rue et des institutions sociales qui les accueillent. « On est des routières », s'amuse Sylvie. A ses débuts, elle était pourtant loin d'imaginer ce qui l'attendait :

« Je n'avais pas conscience de l'ampleur de la misère en France. Tous les lieux où mes collègues m'ont amenée pour faire le tour des accueils et des structures, ça m'a bouleversée. On ne croise pas cette précarité-là si on ne rentre pas dans certains endroits. La plupart du temps, on ne fait que passer.

Ce matin, on parlait de notre identité professionnelle avec un stagiaire… C'est plutôt l'identité de citoyen qui peut être redéfinie quand on croise cette population. »

Les yeux dans le vague, Christiane froisse un bloc de Post-it entre ses doigts :

« Autant j'ai connu la précarité quand je travaillais dans l'Essonne, autant quand je suis venue sur Paris, j'en ai pris plein la figure. […] C'est une vision du gouffre. »

Un sans-abri francilien sur trois souffre de troubles psychiatriques

L'enquête Samenta de 2009 a confirmé la mauvaise santé mentale des SDF et la surreprésentation des troubles psychiatriques sévères dans la rue.

Un tiers des sans-abri franciliens souffre de troubles psychotiques (13% de la population sondée, avec 8,4% de schizophrénie), de troubles de l'humeur et troubles dépressifs sévères (6,5%) et enfin, de troubles anxieux (12,2%). Aujourd'hui, un sans-abri sur trois présente au moins une addiction à l'alcool, à une drogue ou à un médicament détourné de son usage.

Face à tel constat, c'est l'éternelle question : la rue rend-elle fou ou bien se retrouve-t-on à la rue parce qu'on traîne une fragilité mentale ou une pathologie psychiatrique préexistante ?

via www.rue89.com

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moustik2
moustik2
14 années il y a

la rue rend fou « oui » le terrain pathologique antérieur n explique pas cette état ,et qu est ce la folie une blessure à la jambe que l on aurai pas soigné a temps et la jambe serai emputé ou la folie de ne pas avoir vu que la jambe avait besoin de soin ,ou ^peut étre la folie de croire que nous sommes normales ou serai ce une folie d étre normal une folie sans conscience de la misére mais néanmoins une sorte de folie relative ,n est ce une folie d aller faire des UV,un étre qui est assis par terre dans la rue est un étre oublié il s est méme oublié car l autre a oublié dans ses folies et son besoin de folie capricieuse que d autre avait besoin d aide….

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