Règlements de comptes à Marseille: la vérité des chiffres, loin des clichés – Page 1 | Mediapart

À intervalles réguliers, la France semble redécouvrir la réalité des règlements de comptes à Marseille. Il s’agit de véritables guets-apens opérés en pleine ville dans des espaces publics (bars, locaux associatifs, rue, etc.) par des commandos lourdement armés, agissant visage dissimulé. S’ils sont particulièrement spectaculaires, il est faux de parler de multiplication de ce type d’homicide dans les Bouches-du-Rhône en 2013.

La préfecture de police en recensait 19 à la même époque en 2012, contre 13 cette année (15 selon le décompte de l’AFP). « Il y a une habitude médiatique qui a été prise depuis peu qui consiste à mettre chaque règlement de comptes à la une, donc on a le sentiment que Marseille devient de plus en plus dangereuse, observe Cyril Rizk, responsable des statistiques à l’observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). Or s’il y a eu un pic très net en 2012 (avec 25 règlements de comptes, ndlr), on reste depuis des années sur un noyau dur d’une quinzaine de morts par an dans les Bouches-du-Rhône. Même ce pic de 2012 n’est pas significatif d’une tendance de fond : un différend en cascade entre deux bandes peut suffire à faire flamber le nombre de règlements de comptes. »

Données issues de “l'état 4001" (année 1995 manquante)Données issues de “l'état 4001" (année 1995 manquante)© Mediapart

Pour en avoir le cœur net, Mediapart a recherché et comparé le nombre de morts par règlement de comptes enregistrés par les forces de l’ordre depuis 1981 en France et dans les Bouches-du-Rhône. Contrairement aux idées reçues, les années 1980 furent bien plus meurtrières que la décennie 2000. Le “code d’honneur” des voyous à l’ancienne semble une vaste galéjade. En 1985 et 1986, au plus fort de la guerre entre le clan de Gaëtan Zampa et celui de Francis Vanverberghe, dit “le Belge”, la police et la gendarmerie répertorient 44 puis 45 morts par règlements de comptes dans les Bouches-du-Rhône (la plupart commis hors Marseille). « Et encore, on peut doubler le bilan, car les disparus dont on a dissuadé les veuves de déposer plainte ne sont pas comptabilisés », estime Thierry Colombié, docteur en sciences économiques (EHESS), spécialiste du grand banditisme.

via www.mediapart.fr

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