Les producteurs de lait et les transformateurs vivent-ils encore sur la même planète ? La production laitière comme toute l’agriculture doit-elle se préoccuper de mettre en place une manière de produire faiblement émettrice de gaz à effet de serre? Voilà deux questions qu’il faudrait se poser en permanence par les temps qui courent. Mais ces deux questions fondamentales ont été occultées dans la conception d’une étude que les industriels de la coopération laitière ont produite avec FranceAgrimer à partir des résultats économiques de 2013 et en vue d’aller à la conquête des marchés internationaux.
Cette étude a été voulue par Dominique Chargé, président de la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL). On sait que les coopératives se sont souvent montrées plus imprudentes que les laiteries privées dans le cadre de la sortie des quotas laitiers pour aller à la conquête de nouveaux marchés afin d’y vendre des produits basiques comme le beurre et la poudre de lait séchée.
Dans un entretien au magasine économique « Valeurs Actuelles » du 21 mai 2015, Dominique Chargé affirmait : « les marchés sont soumis à fluctuations au gré des aléas climatiques qui conditionnent la production d’herbe, et des variations de l’offre et de la demande pour des raisons sanitaires ou géopolitique (…) La France sort de la période des quotas dans une situation un peu particulière, notre pays ayant fait le choix, de manière isolée en Europe, d’une gestion très administré des quotas laitiers (…)Dans les autres pays européens, l’instauration de bourses aux quotas a permis au secteur de se restructurer et d’affronter les marchés, ce qu’on n’a sans doute pas fait suffisamment en France jusqu’en 2008-2010(…) Le défi pour les producteurs est de trouver les bases d’une exploitation en lien avec l’économie nouvelle marquée par la volatilité des recettes (…) Le défi est aussi lancé aux coopératives : se développer en fonction des opportunités de marché , dont celui de la Chine est sans doute le plus emblématique ; et organiser le développement des exploitations de nos adhérents en fonction des ces nouveaux débouchés et de la nécessité d’investir(…) La coopérative est le prolongement de l’exploitation lui permettant de partir à l’export de façon optimale sur une grande échelle (…)On a expliqué la nouvelle économie laitière à nos adhérents ; on les a réunis pour discuter du projet de la coopérative par rapport à leur projet d’exploitation et à réaliser des investissements en conséquence . C’est ainsi qu’un milliard d’euros a été investi dans le secteur ces dernières années, soit en ressources propres soi dans le cadre de partenariats(…) Les associés coopérateurs mettent au pot via leur participation au capital social… ».
Il faut ici user d’un décodeur pour interpréter ce langage technocratique. Citons pour mieux nous faire comprendre le cas de SODIAAL, la plus grande coopérative laitière de France. Elle a proposé à ses adhérents d’augmenter leurs volumes de livraisons en rachetant, via une augmentation de leur part sociale, des droits à produire supplémentaires qu’ils paient à leur coopérative. Tel producteur est passé d’une livraison annuelle de 530.000 litres à une possibilité de livraison de 610.000 litres à partir de la fin des quotas de production en avril 2015.Il payé 2.900€ pour ce droit supplémentaire sous forme de souscription en parts sociales investies dans la coopérative. Mais le prix garanti de ce lait supplémentaire ne serait que de 27 centimes d’euros alors que le coût moyen de production d’un litre de lait et de 35 centimes en France. Dit autrement, le risque lié à l’incertitude des débouchés est endossé par le paysan coopérateur si la coopérative a du mal à assurer ces
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