Il faut dire que la Pléiade a beaucoup d’«avatars». Dès 1931, Jacques Schiffrin crée, six ans après la Société des amis de la Pléiade, une librairie galerie de la Pléiade. De 1943 à 1947, on aura pu écouter «les Concerts de la Pléiade». La NRF organise dans les années 40 des expositions dans sa galerie de la Pléiade qui aura aussi sa collection dirigée, de 1951 à 1957, par André Malraux, lequel y publiera plusieurs de ses écrits sur l’art. Quarante-neuf volumes paraîtront de 1956 à 1991 dans l’Encyclopédie de la Pléiade dont Raymond Queneau fut secrétaire général à partir de 1954. De 1943 à 1947, un jury, comprenant entre autres Maurice Blanchot, Joë Bousquet, Albert Camus, Paul Eluard, André Malraux, Jean Paulhan, Raymond Queneau et Jean-Paul Sartre, décerna le prix de la Pléiade remis à un manuscrit inédit que les éditions Gallimard s’engageaient à publier (Marcel Mouloudji obtint le premier, Jean Genet le dernier pour les Bonnes et Haute Surveillance). Depuis 1960, un album de la Pléiade est remis gratuitement à tout acheteur de trois volumes de la collection durant «la quinzaine de la Pléiade» et, depuis 1986, un agenda pour tout acheteur de deux volumes en fin d’année. Le Cercle de la Pléiade accueille depuis 1999 les amateurs de la collection qui reçoivent chaque trimestre son bulletin, la Lettre de la Pléiade. «La Pléiade» : le nom est porteur.
Mais la plus grande gloire réside évidemment dans la collection proprement dite et les auteurs contemporains ont leurs stratégies pour tâcher de l’intégrer. Celle de Céline n’est pas la dissimulation. Lettre de 1956 à Gaston Gallimard : «Les vieillards, vous le savez, ont leurs manies. Les miennes sont d’être publié dans la Pléiade (collection Schiffrin) et édité dans votre collection de poche […]. Je n’aurais de cesse, vingt fois, que je vous le demande. Ne me réfutez pas que votre conseil, etc., etc., comparses, employés de votre ministère. […]C’est vous la Décision.[…] La Pléiade et l’édition de poche pas dans vingt ans, quand je serai mort ! Non tout de suite ! Cash !» «Je risque fort d’être décédé avant d’être Pléiadé», écrit-il encore en 1960 et c’est effectivement ce qui se produira de peu (son premier volume paraît en février 1962, sept mois après sa mort).
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