« Quand il y a une catastrophe au Népal ou en Haïti, la France sait intervenir. Mais pas à Calais » – Page 1 | Mediapart

Quatre ONG ont lancé mardi 30 juin à Calais une opération humanitaire d'envergure pour que le bidonville de 3 000 migrants soudanais, érythréens, afghans, syriens, s'approche des normes internationales des camps de réfugiés en matière d'accès à l'eau potable, à la nourriture, aux soins de base. Jean-François Corty, directeur des opérations France de Médecins du Monde, dresse un premier bilan et interpelle l'État qu'il juge « en dessous de tout sur ces problématiques ».

Vous avez lancé une grande opération humanitaire à Calais. Pourquoi ?
Jean-François Corty – Nous répondons à des besoins vitaux, qui ne sont pas couverts par l'État. Il y a en ce moment à Calais entre 2 500 et 3 000 personnes dans un bidonville toléré. C'est l'État lui-même qui, après avoir expulsé des squats et des « jungles » dans la ville, a tout fait pour rabattre les gens dans ce lieu où ils s'entassent. Ils ont faim, besoin de boire, de se laver, d'être soignés. À côté de ce bidonville, le dispositif Jules Ferry [du nom de l'ancien centre aéré qui s'y trouvait – ndlr], calibré pour 1 200 à 1 500 personnes, offre un repas par jour, quelques douches, un point de santé avec une infirmière deux heures par jour et une centaine de places de nuit pour des femmes et des enfants. Ils mettent en ce moment l'électricité, des latrines et des points d'eau en plus, mais c'est largement insuffisant. De notre côté, nous sommes dans un dilemme. Nous n'avons pas vocation à nous substituer au droit commun. Mais nous sommes poussés à prendre des mesures, pour protéger des vies. Nous avons déclenché cette opération avec trois associations (le Secours catholique, le Secours islamique et Solidarités international) qui, pour la plupart, ont l'habitude comme nous de travailler à l'international, sur des zones de conflit ou de catastrophe naturelle. Nous ne sommes pas dans la posture d'attendre des catastrophes avant d'agir. Nous avons à plusieurs reprises sollicité l'État, rappelé qu'on est largement en deçà des standards de n'importe quel camp de réfugiés dans le monde. Les petites associations, avec qui nous intervenons depuis longtemps à Calais, sont épuisées, dépassées. Gérer la distribution de nourriture pour 300 à 400 personnes, c'est faisable, autant quand il s'agit de 2 500 à 3 000 personnes, ça n'est plus tenable, d'autant qu'il y a de plus en plus de femmes et d'enfants.

Que faites-vous ?
Une distribution de kits d'hygiène, des savons, des serviettes, des brosses à dents pour tenir pendant un mois, une distribution de nourriture aussi, il y en aura d'autres pendant le mois, des dons de matériel pour construire de nouveaux abris. On construit nous aussi des latrines, des douches. Rien que sur la journée de mardi, nous avons donné une quarantaine de consultations médicales [MDM annonçait un objectif de 30 consultations par jour avant l'opération– ndlr] dans la clinique mobile que nous avons créée sur le camp, avec accueil, soins infirmiers, psychologues, médiateurs, traducteurs.

Que constatent les médecins ?

© Sur le site de Médecins du monde

Les pathologies de la grande précarité, des affections cutanées qui peuvent se surinfecter avec la gale, des affections respiratoires, des affections diarrhéiques en lien avec les problèmes d'accès à l'eau potable, la traumatologie, beaucoup de plaies ouvertes, des entorses, des fractures, parce qu'ils essaient de monter dans des camions comme ils le peuvent, et puis des problèmes psychologiques chez des jeunes qui ont souffert pendant la migration et

via www.mediapart.fr

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